Ce n’est pas une simple tendance française : c’est un mouvement mondial. des pays comme l’angleterre, pionniers du « no-low » ont ouvert la voie. Direction la capitale britannique mais aussi Dubaï et Singapour à la rencontre d’acteurs qui redéfinissent la manière de boire, avec ou sans alcool.
UN BAR ET CAVE SANS ALCOOL À LONDRES :
CLUB SODA
Fondé en 2015 près de Covent Garden, Club Soda s’est imposé comme une référence anglaise dans l’univers des boissons sans alcool. C’est lors de Wine Paris 2024 que sa fondatrice, Laura Willoughby, a partagé son expertise sur le mouvement no-low. « Dans la réduction de la consommation d’alcool, le Royaume-Uni est pionnier et la croissance se poursuit. En Europe, la France se distingue comme le marché à la progression la plus rapide, portée par un intérêt grandissant pour un mode de vie sain et équilibré, et ce dans toutes les générations. Après avoir prêché la bonne parole dans les pubs et organisé 10 festivals dédiés, j’ai ouvert ce lieu hybride mêlant bar et boutique pour créer du lien autour des alternatives à l’alcool.
Ici, on ne se contente pas de vendre : Club Soda est aussi une plateforme de formation, un espace de collaborations médiatiques, et un lieu d’événements de marque. Nous conseillons également l’hôtellerie sur la création d’offres adaptées et sur leur offre de boissons.
Nos visiteurs sont majoritairement des buveurs modérés, reflétant une tendance. Nous proposons des vins sans alcool (notre catégorie phare), des alternatives comme le thé pétillant, une large sélection de bières (dont 3 à la pression comme la lager Lucky Saint), des spiritueux variés et des boissons bien-être comme les sodas et spiritueux infusés au CBD. Parmi les best-sellers : les vins sans alcool Moderato, Noughty et Zeno, ainsi que des spiritueux comme la marque Three Spirit qui améliore l’humeur, les gammes de Smiling Wolf et d’Everleaf, la maison suisse Rebels 0,0% qui se démarquent par leur identité propre. Les cocktails sont ici très populaires avec notre bar ouvert jusqu’à 20 heures.»
39 Drury Ln, London WC2B 5RR.
LA PORTE-PAROLE DU « NO-LOW » :
CAMILLE VIDAL, DE LA MAISON WELLNESS
On a connu Camille Vidal pour son travail marquant en tant que global brand Ambassadrice sur la liqueur St-Germain. Aujourd’hui, cette figure du cocktail vit à Londres et a monté sa structure, la Maison Wellness, pour apprendre à consommer de l’alcool autrement. « Pendant mes années chez St-Germain, je voyageais énormément. C’était passionnant mais épuisant. Pour retrouver un équilibre, j’ai commencé le yoga et la méditation. Ces pratiques m’ont aidée à prendre soin de soi, y compris dans la relation à l’alcool.
Quand j’ai arrêté ma mission pour St-Germain, je suis devenue professeure de yoga et de méditation à Londres. En 2017, j’ai fondé Maison Wellness avec une ambition : aider les gens à mieux boire dans une société où l’on est de plus en plus isolé, en particulier la jeune génération. Je voulais être une pionnière, une «advocate» de cet univers encore peu exploré. Le marché anglais a été précurseur, bien avant la France. Aujourd’hui, 74% des Britanniques boivent moins d’alcool, et la crise sanitaire a renforcé cette prise de conscience autour de la santé. Il y a un réel besoin d’éducation pour mieux consommer.
Avec Maison Wellness, je propose plusieurs activités. Je collabore avec des marques de boissons et des établissements pour développer des cartes no-low et des cocktails miroir. J’organise également des pop-up de cocktails no-low et des programmes en ligne comme Mindful Drinking, une méthode sur 6 semaines pour aider les consommateurs à changer leur relation avec l’alcool. Je travaille aussi avec des partenaires comme la maison Giffard et sa gamme sans alcool, qui apporte une vraie complexité aux cocktails. Personnellement, je ne consomme plus d’alcool à 99% : je goûte simplement quand c’est nécessaire pour mon travail. En 2025, j’ai l’intention de passer plus de temps en France pour sensibiliser davantage à la modération et encourager cette nouvelle manière de consommer. »
UN BAR BRANCHÉ QUI MISE SUR LES COCKTAILS SANS ALCOOL : ECC CHINATOWN
Originaire du sud de la France, Zacharie Cadez est bar manager de cette institution du cocktail sise au coeur de Londres, ouverte en 2010 et fondée par le trio français Olivier Bon, Pierre-Charles Cros et Romée de Goriainoff. Le bar vient de lancer sa carte avec un beau focus sur les cocktails sans alcool. « Voilà 8 ans que je suis arrivé à Londres et 6 ans que j’ai repris les rênes de l’ECC Chinatown. Notre nouvelle carte marque un tournant avec 7 cocktails désormais déclinés en version sans alcool. Ce n’est pas que la demande explose, mais nous voulons dynamiser cette offre. À Londres, on constate que les gens préfèrent la qualité à la quantité et si certains souhaitent s’abstenir d’alcool, on respecte leur choix.
Concernant la bière, notre licence nous limite à une seule option et nous avons choisi Lucky Saint, une blonde à 0,5%. Côté spiritueux sans alcool, nous collaborons avec plusieurs marques comme JNPR, partenaire de tous les ECC du groupe, Smiling Wolf (un «functional spirit»), et Almave, un spiritueux à base d’agave. Le défi ici, c’est le coût élevé de ces produits : à Londres, un cocktail sans alcool se facture au même prix qu’un cocktail classique, soit entre 15 et 17 livres. Mais nous croyons fermement que l’innovation et le respect des envies de nos clients en valent la peine »
13a Gerrard St London W1D 5PS.
À DUBAÏ : FATINE ABID, ASSISTANT BAR MANAGER AU DRIFT SEA LOUNGE, DU GROUPE SUNSET HOSPITALITY
« Il y a un mois, j’ai intégré un beach club en bord de mer, appartenant à un groupe hôtelier. La clientèle est principalement composée de touristes européens, américains et anglais, ainsi que de locaux issus de divers horizons culturels et religieux.
Ici, c’est la fête tous les jours, parfois loin de la modération. En journée, nous proposons une carte sur le thème de la Méditerranée avec une version miroir alcool et sans alcool. Nous travaillons beaucoup avec la gamme Lyre’s, qui est très variée. Le soir, la carte sans alcool devient plus réduite mais plus sophistiquée, incluant des créations comme des Old Fashioned et des margaritas à la truffe sans alcool.
Les boissons sans alcool, toutes catégories confondues, représentent environ un tiers de nos ventes, avec une préférence marquée de la part des clients locaux. »
À SINGAPOUR : DARREN NG, BAR MANAGER AU CLUB PRIVÉ MANDALA CLUB
À Singapour, nous consommons beaucoup de boissons sans alcool variées : kopi (café) thés, sodas, lait de soja, jus de fruit que l’on trouve dans tous les hawker centers. Dans les bars à cocktails, les options sans alcool étaient longtemps limitées et peu attrayantes. Aujourd’hui, suivant la tendance internationale et des influences plus locales elles occupent une place notable dans les carte au milieu des cocktails alcoolisés ou présentées dans des sections spécifiques bien pensées. Les créations des barmen sont plus abouties, avec des recettes élaborées et des ingrédients de qualité.
L’offre sans alcool en bouteille s’est par ailleurs élargie : spiritueux, apéritifs, vins et bières, allant des grandes marques industrielles à des produits innovant créés par des chefs ou des barmen.
Au Mandala Club, nous utilisons quelques-uns de ces spiritueux et apéritifs sans alcool comme Melati, Gnista, NON ou Muri. Avec le volume que nous réalisons et la gestion de plusieurs bars, le choix répond aussi à des impératifs d’efficacité. Nos cocktails sans alcool reprennent des structures classiques simples avec des profils doux-amers et fruités façon spritz, ou des sour-herbacés dans l’esprit d’un gin fizz. Toutefois, ce sont nos kombuchas maison, servis tout au long de la journée, qui rencontrent le plus grand succès. Mais il y a du potentiel pour des créations plus originales, notre équipe est curieuse et motivée pour attaquer ce chantier en 2025 !
