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LA RÉVOLUTION DE LA CANETTE EN FRANCE

Nouvelle favorite des brasseries artisanales, elle vient de fêter ses 85 ans. Ses atouts : un poids léger, un matériel recyclable, et un look esthétique. Barmag a mené l’enquête sur ce conditionnement en plein boom auprès des différents acteurs de la bière.

Un conditionnement en adéquation avec l’esprit de la brasserie

IPA, Hazy IPA, Neipa DDH, Imperial Sour… Désormais, les bières artisanales ultrapointues ont abandonné la bouteille pour la canette. Une tendance débarquée des US que plébiscitent aujourd’hui les brasseries artisanales françaises, à l’image de la parisienne Fauve : « La canette est un véritable atout pour la conservation puisque son emballage opaque empêche l’exposition à la lumière. Elle peut accueillir des bières exubérantes avec beaucoup de produits. La canette est également écologique puisqu’elle est 100% recyclage et que son poids plus léger que la bouteille permet de réduire les émissions carbone lors de son transport, explique Antoine Robic, le cofondateur, qui a démarré la mise en canette pendant le confinement. Faire de la canette a toujours été dans notre ADN. Nous avons déjà fait appel à une trentaine d’artistes pour les habiller car l’approche visuelle a toujours été très importante pour nous. Nos premières bières distribuées en dehors de notre brewpub l’ont été sous format canette de 33 cl. »

Un excellent moyen de se faire connaître auprès d’une clientèle de beer geeks férue de ce type de conditionnement. À l’instar de nombreuses brasseries, Fauve a pris le parti de sous-traiter sa mise en canette pour des raisons économiques. « Nous avons préféré acheter des cuves, pour augmenter la production », précise l’expert. Une stratégie marquée du sceau de la sagesse.

Le passage de la bouteille à la canette

Traiter en interne la mise en canette : c’est l’une des problématiques de plus en plus soulevées pour des brasseries renommées. Pour la célèbre brasserie la Débauche d’Angoulême, ce type de conditionnement est réalisé sans l’aide d’un prestataire. « Quand nous avons démarré, la canette n’existait pas sur le marché., explique le cofondateur Aurélien Camandone. Aujourd’hui, elle représente un phénomène de coolitude. Nos brassins n’étant pas toujours prêts dans les temps, il était préférable pour nous d’être autonomes dans la mise en canette. Pendant le premier confinement, nous avons investi dans une machine tout en gardant notre ligne d’embouteillage pour des bières fortes et vieillies en barrique. La canette représente aujourd’hui entre 60 et 70% de notre conditionnement. » Il vient de recevoir le prix de la canette d’or pour sa gamme d’IPA très esthétique.

Un conditionnement intégré dans la création d’une brasserie

Dès leur installation et face à ce succès grandissant, les brasseries n’hésitent pas à intégrer une ligne de remplissage en canette. Parfait exemple avec la jeune Nepo, lancée en mai 2021. Localisée à Neuville-sur-Saône (69), cette structure a vocation à produire ses mousses avec des combinaisons d’ingrédients insolites, et à brasser avec toujours pour objectif une qualité irréprochable.
Une stratégie qui l’a poussée à investir dans ce type d’équipement. « Pour une jeune brasserie, la canette est un excellent outil de différenciation, précise Youri Jeanmart, consultant commercial pour Nepo. Grâce à la surface des étiquettes, on peut mieux jouer sur l’aspect visuel – contrairement à la bouteille –, tout en sachant que son coût n’est pas moins élevé. Les projets sur lesquels nous travaillons sont majoritairement des gammes en canettes pour des produits spéciaux sur lesquels notre maître brasseur a carte blanche. »

Le choix du matériel a été optimisé avec l’aide du maître brasseur américain Jeff Hamm, qui a travaillé sur l’une des premières lignes de remplissage de canette – c’était dans la brasserie BrewDog en Écosse. Au programme : le nec plus ultra des machines de remplissage isobarométrique (avec contre-pression) grâce à une vitesse de 2 000 canettes par heure. « Nous avons suivi 2 semaines de formation et eu besoin de 6 semaines pour la gérer à 100% », admet l’expert. Confronté comme tous par la pénurie d’aluminium, Nepo a pris ses précautions pour commander un an à l’avance un stock de canettes (33 cl standard ou sleek, 44 ou 50 cl).

Une nouvelle prestation de service : la mise en canette ambulante

Depuis mars 2019, l’équipe de Los Bucaneros sillonne les routes de France : avec leur machine, il s’agit de mettre en canette les précieux jus maltés de brasseries artisanales. Cette entreprise de « Mobile Canning » est née à Barcelone sous l’initiative du Britannique expert en bière Henry Blackman. Ce dernier a développé une annexe à Paris au vu des demandes croissantes dans l’Hexagone. « Avec la fermeture des CHR, la Covid a donné un coup de pouce aux canettes. Les brasseries se devaient de trouver des solutions pour vendre leur production sur place ou chez des cavistes », estime Guillaume Ferré, responsable commercial. Dès lors, la canette était la solution ad hoc.

Le planning de l’équipe de Los Bucaneros reste bien chargé. « Afin d’optimiser les déplacements, on organise les tournées 2 à 3 mois avant car nous avons beaucoup de demandes. Nous nous déplaçons en province pour un minimum de 24 hectolitres. Nous procédons également à l’installation de machine de mise en canette. Nous vendons également ces contenants aux brasseries qui disposent de leur propre système d’encannage », détaille Guillaume Ferré.

Comment fonctionne une mise en canette ambulante ? « Dans un premier temps, nous installons la machine puis nous procédons à son nettoyage. Ensuite, nous mesurons différents éléments dans la bière dont le PH, la température, la carbonatation. On demande que la bière soit froide et carbonatée. Dès que tout est OK, nous démarrons la mise en canette avec un rythme par heure de 2 000 à 2 400 canettes », termine l’expert. En un après-midi, le tour est joué. La révolution canette ne fait que commencer.

Écrit par Laurence Marot

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