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« LISTENING BARS » TOUT POUR LA MUSIQUE !

En gestation depuis 2021 mais freinés dans leur élan par la pandémie, ces lieux audiophiles s’ancrent enfin dans les mœurs des mélomanes français. En diffusant leurs sons sous forme vinyle dans des espaces à l’acoustique irréprochable, ils s’inspirent de leurs homologues japonais. En avant !

« Les bars acoustiques sont nés au Japon dans les années 1950. Après la Seconde Guerre mondiale, la population avait peu d’occasions de se divertir. Voilà pourquoi les gens se retrouvaient dans les cafés pour écouter de la musique, explique Théo, cofondateur du Montezuma, bar audiophile de référence à Paris. À l’époque, il y avait un aspect presque mystique puisqu’ils se mettaient en arc de cercle devant les enceintes pour écouter du jazz. »

Un concept là-bas quasi inchangé, comme en témoigne Guillaume, codirigeant de Fréquence, établissement précurseur en la matière sur le territoire français.

« Au Japon, la démarche est vraiment poussée à l’extrême. Il s’agit vraiment d’une écoute pure de la musique, on n’a pas le droit de parler. Ce qui n’est pas le cas en France où les bars audiophiles, s’ils conservent la volonté d’un son de haute volée, n’en demeurent pas moins des lieux de vie où chaque établissement à ses spécificités pour animer son bar et renforcer son identité. »

Fréquence : du son, des cocktails et de l’ambiance

Alors que le phénomène s’est déjà installé aux États-Unis ou en Angleterre, dans l’Hexagone il faut attendre 2018 pour qu’apparaisse Fréquence, le premier bar acoustique français. À sa tête Guillaume Quenza, Matthieu Biron et Baptiste Radufe sont des mélomanes qui envisagent le concept comme une opportunité de partager du bon son dans un contexte festif.

« Pour nous, il fallait que l’établissement soit vivant et la musique entraînante, souligne Guillaume. Il était hors de question de devenir un cliché. Concernant l’audio, si bien entendu le vinyle était de mise, nous n’avons pas souhaité partir sur du matériel de diffusion originel, mais sur du moderne tout en travaillant d’arrache-pied avec des ingénieurs du son sur l’analyse acoustique, le choix des matériaux. Il s’agissait notamment d’empêcher la réverbération du son. Toutefois, il était important que le son ne soit pas le seul point d’attraction. »

Inspirés par l’Andy Wahloo (75003) puis par le Sherry Butt (75004) où il a auparavant travaillé, Guillaume et ses associés ont donc insufflé l’ambiance festive de ces endroits et la qualité des cocktails qu’ils concoctent en y ajoutant une cuisine d’inspiration nippone.

« Côté musique, nous diffusons essentiellement de la musique black des années 1970 (disco, afro, caraïbes, reggae, soul…) avec la venue d’un DJ chaque week-end », précise-t-il.

Fréquence
20, rue Keller
75011 Paris

Le Montezuma Café : la pureté du son

Il a vu le jour fin 2019, quelques mois avant la Covid. Le Montezuma Café s’est inspiré à la fois du Japon et des bars audiophiles londoniens tel le Brillant Corners, un temple du vinyle où la qualité acoustique est à son apogée.
Ici, tout le système de son se veut vintage.

« Pour réunir les pièces, tout le puzzle, nous avons mis un an et demi à trouver les amplis, les enceintes dont une Klipsch des années 1960, et à mettre en place la salle d’écoute au sous-sol où l’on est littéralement immergé dans le son », témoigne Théo de Penanster, le fondateur du lieu.

En résulte une qualité d’écoute indéniable, jusqu’à donner la chair de poule. Une bulle où, si l’on ferme les yeux, les chanteurs et musiciens semblent, à l’instar d’un concert acoustique, réellement jouer à proximité. D’ailleurs, le concept est si pointu qu’il entraîne occasionnellement des labels à l’instar d’Universal à louer cet espace pour partager des sessions d’écoute avec des professionnels.
Le reste du temps, l’espace est à tous.

« Chaque week-end, nous accueillons des sélecteurs et des sélectrices pour diffuser du son, détaille Théo. Nous ne parlons pas de DJ puisque nous ne sommes pas dans un club. Nous recevons des mélomanes, des collectionneurs venant mixer leurs vinyles de jazz, de musique soul… Bref, des titres que l’on n’entend pas partout. »

L’autre originalité du lieu qui vise avant tout la pureté réside dans sa carte de vins nature. Des crus dénichés par Théo et son acolyte Louis Mesana, tous deux sommeliers depuis 10 ans.

Le Montezuma Café
15, rue Notre-Dame-des-Victoires
75002 Paris

Discobar : des soirées open-platine où chacun s’improvise DJ

Ouvert en 2020 dans le quartier de Belleville, le Discobar promeut le partage musical. Tout premier bar open-platine, l’établissement s’est fixé l’ambition de laisser carte blanche sur la hi-fi et les vinyles à tous les DJ amateurs.

« Nous trouvions qu’à Paris, il manquait à une scène facile d’accès où n’importe quel DJ pourrait se produire facilement sans connaître Bidule ou Machin, raconte Gautier Honorez, cofondateur du lieu avec Lucas Boulanger. L’idée  : permettre à des collectionneurs et à des gens introvertis de venir dans un lieu et de diffuser des disques très modestement, au lieu de rester seuls chez eux avec du son en écho. »

Et puis il y a un an et demi, même si le concept est resté d’actualité, le Discobar s’est ouvert à d’autres types de programmation avec la venue de DJ français ou internationaux.

« Si l’on nous identifie comme un listening bar, c’est avant tout par l’installation d’un sound system hi-fi vintage et par le choix du vinyle, dont nous sommes collectionneurs. Il s’est donc imposé à nous d’abord par passion, mais aussi pour avoir tout de même la mainmise sur un type de musique », ajoute-t-il.

Le Diabolo n’en demeure pas moins ouvert à une grande variété de styles et à tous les délires.

« Nous avons par exemple reçu un collectif de rockers des années 1960 qui, accompagnés de danseuses, ont enflammé notre dancefloor avec du Rockabilly », se remémore Gautier, amusé.

Le Discobar
92, rue Rébeval
75019 Paris

Écrit par Gérald Dudouet

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