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SOCIAL BAR ET SI ON SE (RE)PARLAIT ?

Après Paris, Strasbourg et Saint-Ouen, le lieu va ouvrir 3 établissements à Dijon, Montpellier et Biarritz. Comment cette enseigne inscrite dans l’Économie sociale et solidaire a su s’imposer dans le paysage CHR ? se faire élire, par Time Out, à deux reprises comme le bar préféré des Parisiens ? Suivez le guide…

Qui ne s’est pas retrouvé dans le cadre d’un déplacement professionnel, d’un déménagement, dans une ville où il ne connaît personne tout en ayant l’envie de rencontrer des gens, de partager un verre ?

Si autrefois les bars faisaient office de lieu d’échanges où il était facile de s’encanailler avec un voisin de comptoir, voire de refaire le monde avec d’illustres inconnus, la donne a résolument changé. Les Smartphones, la Covid… ont cassé les codes et poussé à l’individualisme. Pire encore : vers la peur d’autrui, renvoyant le bar à un lieu qui serait finalement régi par la seule consommation. Un entre-soi, au cœur d’un débit de boissons. Et pourtant, sans refaire l’histoire, le bistrot, l’estaminet, le café, le bar… n’a-t-il pas été du siècle des Lumières jusqu’à il y a peu un espace propice à la rencontre et à l’expectative d’une émulation intellectuelle inattendue ?

«Nous trouvions que les gens ne se parlaient plus dans les bars, explique Renaud Seligmann, cofondateur du Social Bar. Plus exactement, qu’il était difficile d’y venir seul puisque la mixité, le brassage qui étaient finalement la vocation de ces lieux se faisaient de plus en plus rares.»

Social Bar Table

De quoi mettre les pieds dans le plat et pourvoir à ce manque en imaginant un lieu a même de réinsuffler de l’âme au secteur. Accompagné par David Rivoire, entrepreneur social depuis maintenant 15 ans, Renaud imagine alors le Social Bar : «Une sorte de bar laboratoire, à même de briser les barrières mentales et culturelles… où la peur de parler à son voisin de table s’estompe pour laisser place à la convivialité».

Lauréat du Trophée de l’Economie sociale et solidaire de la Maire de Paris

Si le premier opus du genre ouvre ses portes en 2016, «un peu au milieu de nulle part, dans un espace de 50 m² entre la gare de Lyon et Bercy», confie Renaud, le succès se révèle retentissant. Portée par les agents de convivialité naturellement souriants, qui accueillent un à un chaque client, en sollicitant leurs prénoms, la sauce prend. D’autant plus que la mémoire est vive et qu’à chaque événement (social Chifoumi, cartes défi, social phones, tables des inconnus…), votre hôte vous sollicite, sans vous brusquer, en vous dénommant. Le tout avec un enthousiasme non feint. De quoi se laisser prendre, délier les langues et voir les échanges affluer d’un bout à l’autre de l’établissement qui compte aujourd’hui 300 m².

«Dès 2018, le Social Bar était rentable avec un CA de 500 000 €, nous répond Renaud. Les gens vivaient une véritable expérience humaine en totale adéquation avec nos valeurs, dont la trame économique témoigne encore aujourd’hui.»

S’inscrivant sur le modèle de l’Économie sociale et solidaire, le Social Bar outre l’étoffe, a en effet l’héroïsme, en ces temps incertains où le repli gagne du terrain, de pourvoir l’altérité et l’équité. Des causes qui pourraient paraître dérisoires mais qui sont plus que jamais vitales. Une idée-force à même de répondre à nos besoins les plus profonds, qui lui a d’ailleurs valu de se voir décerner par la Mairie de Paris le Trophée de l’ESSS…

«Sur ce principe économique, nous reversons 15% de nos bénéfices à des association choisies par les patrons du lieu – vous, moi, toi – auxquels 24% du capital appartient», précise Renaud.

Des investisseurs qui peuvent se glisser derrière le comptoir, orchestrer des événements, proposer des idées et pour lesquels des soirées sont organisées…

25 établissements d’ici 5 ans

Après Paris, Strasbourg a accueilli son Social Bar en octobre 2020 et Saint-Ouen en août dernier. «Pour chacun d’entre eux, le porteur de projet est associé au capital dont il possède 25%, soit 25 000€, explicite Renaud. 24% des fonds sont issus des patrons et 51% versés par la maison mère. Nous les accompagnons dans la partie financement bancaire, dans la recherche du lieu puis nous les formons au métier, à la création d’événement… Un peu comme un franchisé sauf que nous sécurisons l’entrepreneuriat par un salariat, avec un CDI, un mois avant l’ouverture. Ce que nous souhaitons par-dessus tout, c’est de travailler avec des associés qui incarnent le concept, qui s’en amusent et qui ont l’état d’esprit. En somme, il n’est pas nécessaire d’avoir des connaissances dans le secteur…»

Agent de convivialité, un métier d’avenir ?

Accompagnateur de projet d’entrepreneuriat, le Social Bar se veut aussi instigateur d’insertion professionnelle. Aussi, depuis mars dernier, l’entreprise s’est fixé pour mission de former des jeunes en décrochage scolaire ou éloignés du monde de l’emploi au métier d’agent de convivialité. En ce sens 10 talents en contrat de professionnalisation ont rejoint les 15 salariés de la maison mère. « Pour la formation qui leur permettra d’accéder à ce métier, qui n’existait pas jusqu’alors, nous ne demandons ni compétence ni expérience. Juste le goût des autres et l’appétence à transmettre de la bonne humeur », s’enthousiasme Renaud. Toutefois, une fois le cursus intégré, les futurs agents de convivialité, formés sur le terrain apprennent tous les rouages de base attendus par l’enseigne. Le tout porté par un répertoire de compétences et de connaissances relatif au métier d’agent d’accueil.

«Au fil de la formation, ils traduisent en effet toutes les aptitudes acquises pour obtenir, par le biais de la VAE, un diplôme reconnu par l’État équivalant à un bac professionnel des métiers de l’accueil», détaille-t-il.

Accéder à un diplôme et à la vie active… Une opportunité professionnelle qui devrait encore s’amplifier avec les ouvertures dans les 5 années à venir de Social Club à Dijon, Montpellier et Biarritz, puis à une vingtaine d’établissements sur l’ensemble du territoire. De quoi retrouver le goût du partage inhérent à la vocation initiale du bar.

Le Social Bar
69, rue du Faubourg-de-Pierre
67000 Strasbourg

Le Social Bar
1, rue Raspail
93400 Saint-Ouen

Le Social Bar
25, rue Villot
75012 Paris

Écrit par Gérald Dudouet

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