Tous les Albanais connaissent ce spiritueux, véritable alcool national qui n’a cependant jamais franchi les frontières de ce petit pays d’Europe. Telle est justement l’ambition d’Ani Hoxha et de Nicolas Pecherot, qui espèrent bien placer cette eau-de-vie de raisins sur le marché des spiritueux français.
Lui est français, elle albanaise. 10 ans après leur rencontre, ils se sont mis en tête de diffuser le brandy albanais en France et, au moyen de Gonxhe, d’ouvrir une fenêtre vers ce pays méconnu. Alcool indissociable des événements importants, joyeux comme tristes, ce raki – car il s’agit bien d’un raki mais attention, sans aromatisation à l’anis – trouve son existence à presque un millénaire.
Mais pas question d’adopter une image trop traditionnelle ou vieillotte. Le flacon carré, arborant le visage d’une femme, se pare de couleurs bleu et or. Moderne et chic, il se remarque.
L’élaboration de Gonxhe se veut qualitative à toutes les étapes. Seul un cépage autochtone est utilisé : le Perla. Cultivé sans pesticide et récolté à la main, il a pour unique destin de devenir eau-de-vie. Contrairement aux autres distillats de vin que l’on connaît, c’est le grain dans son entièreté qui est mis à fermenter. Après une semaine et sans levure ajoutée, le moût est prêt à être distillé en deux fois sur un petit alambic hybride en cuivre.
Tout est fait artisanalement et localement.
En résulte un spiritueux qui, après une légère réduction, développe un profil tout à fait unique. La dégustation se passe en deux temps. En effet, le nez nous fait immédiatement penser à un marc, la grappa venant en tête. Cependant, de discrètes notes florales et fruitées laissent entrevoir une autre facette qui se confirme en bouche, où domine alors le raisin. Ce sont des arômes rappelant le muscat qui l’emportent. Nous ne sommes plus très loin de l’univers du pisco. La finale, fraîche et longue, prend des accents d’agrumes et de litchi et prolonge l’expérience.
Ce sont ces différents visages qui se prêtent à la confection de cocktails complexes et expressifs : revisiter des classiques tels que le daïquiri ou le pisco sour, ou laisser libre cours à son imagination et créer des boissons mélangées uniques.
C’est d’ailleurs au travers du monde de la mixologie que Gonxhe compte se faire un nom. À l’été 2023, plusieurs groupes de la restauration festive parisienne, séduits, mettent Gonxhe à la carte, comme ingrédients de cocktails signature. Tel fut le cas du ROOF, au sommet de l’hôtel Madame Rêve ; et de Créatures, le rooftop des Galeries Lafayette.
Une fois ce but marqué, le couple se prépare à investir d’autres terrasses et lieux sélectifs de la capitale pour l’été 2024. Le TOO Tac Tac du 13e arrondissement, à la vue époustouflante ; le Forest et l’Andia, du groupe Laurent Taïeb ; ou encore le Molitor… Autant d’établissements où Gonxhe pourra faire rayonner cette eau-de-vie nationale et, grâce à elle, l’Albanie.
Il est possible, pour les particuliers, d’acheter une bouteille sur la plateforme The Avant Gardists de La Maison du whisky, ou bien dans quelques rares caves parisiennes. Et pour ceux qui se poseraient la question, on prononce « gone-gé ».