Au moyen de 120 questions allant de l’histoire à l’élaboration et à la consommation de la bière en passant par la culture du houblon et de l’orge, l’ouvrage torpille les idées reçues sur la boisson maltée. Rencontre avec son auteur Fabrizio Bucella, docteur en physique et zythologue.
Pouvez-vous nous présenter « l’Anti-guide de la bière » ?
Il s’agit d’une alternative aux ouvrages qui traitent du sujet, dans le sens où il a la volonté de ne pas être ennuyeux et de ne pas délivrer de conseils sur ce qu’est la bière et la façon dont elle doit se consommer. C’est un peu le contre-pied des ouvrages du type « guide manuel technique », puisqu’il rassemble 120 questions auxquelles nous n’aurions pas nécessairement pensé.
Par exemple : Pourquoi les bulles de Guinness descendent dans le verre ? Une bière à étiquette, c’est quoi ? Comment faire vieillir ses bières ? Comment sont classées les bières du monde ? La télévision a-t-elle modifié le marché de la bière ? Il y a un côté informatif et léger sur la culture bière en général. Le tout abordé de façon ludique et sympathique !
Ce livre fait suite à l’Anti-guide du vin, que nous avions publié il y a quelques années.
Comment avez-vous travaillé sur la sélection des questions ?
Il y a un aspect pratique mais aussi scientifique puisque je suis docteur en physique . D’où par exemple la question : Chez des amis, faut-il plutôt emporter une bière en canette ou en bouteille? Question qui traite du conditionnement, aborde le poids d’une canette, le refroidissement et des calculs écologiques. Dans le traitement de chaque question, j’ai cherché des angles auxquels on ne pense pas nécessairement.
Finalement, j’ai travaillé sur ces livres de la même manière que j’enseigne ou que j’anime des conférences. Lorsque j’aborde avec mes étudiants en cours de physique la productivité thermique de l’aluminium et que je prends pour exemple la bière en expliquant qu’elle refroidit 200 fois plus vite en canette en aluminium, je peux vous assurer que l’on n’entend pas une mouche voler ! Et puis j’adore explorer la littérature scientifique, chercher des textes ou des études sortant des sentiers battus. Dans le livre, j’ai notamment retranscrit le décret du 4 janvier 1812 qui autorisait à Munich les Biergarten. Un original dont on ne trouve quasiment pas de trace ailleurs !
En tant que zythologue, quel regard portez-vous sur l’avenir du secteur face à la hausse des matières premières et de la crise énergétique ?
Il est évident que le secteur consomme beaucoup d’énergie, que les matières premières ne sont pas toujours dans un circuit en local. C’est aussi un secteur qui, lors de la fermentation, ne va pas nécessairement récupérer le gaz carbonique et qui rencontre de réelles difficultés de trésorerie, notamment pour les microbrasseries. A contrario, depuis 2018, nous étions dans un secteur qui explosait avec quasiment une microbrasserie par jour.
Donc d’une manière ou d’une autre, ce foisonnement ne pouvait pas durer. Aussi, le premier coup de tempête sur le secteur risquait de rebattre les cartes.
Sur le fond, le secteur se porte tout de même bien. Les Français aiment la bière. Certaines enquêtes démontrent qu’ils la préfèrent au vin ! Et c’est un produit qui satisfait une clientèle extrêmement variée. De plus, dans une période où les consommateurs se montrent de plus en plus attentifs à leur consommation d’alcool, son faible taux dans la bière est en phase avec l’air du temps. Ensuite, le vrai débat qui s’ouvre aujourd’hui est celui concernant l’eau. Car la crise suivante sera bel et bien l’eau…
Or le secteur de la brasserie en nécessite à toutes les étapes !
« L’Anti-guide de la bière », de Fabrizio Bucella
En librairie le 5 avril 2023Prix : 13,90 €
Dunod