En Martinique, 80% des besoins en eau de la Distillerie du Simon, située au François, sont désormais assurés par un retraitement interne en boucle fermée avec un dispositif innovant de traitement des vinasses. Et franco-français.
Pourquoi avoir entamé cette démarche ?
Même si nous n’avions pas d’angle RSE réellement défini, nous avions tout de même observé notre dépendance à l’eau. Rien qu’en ce qui concerne la phase de production, nous consommons par heure 50 à 60 m³ d’eau.
Or il se trouve que la Martinique connaît, surtout depuis 2020, des épisodes de sécheresse. Face à pareille situation, nous nous sommes rapprochés de la société Nereus, basée à Montpellier. Cette entreprise, sous brevet français, a développé un process inédit, le seul au monde, sur la partie vinasse. Il s’agit d’une machine pour la récupération et le traitement de l’eau extraite en circuit fermé, ensuite réutilisée pour le traitement des cannes à sucre.
Nous avons d’abord procédé à différents tests puis, une fois ceux-ci- approuvés, avec l’aide des subventions européennes et de la défiscalisation en Martinique, nous avons investi à hauteur de 3,2 millions d’euros. Cela nous permet d’être cohérents avec la problématique de l’eau et ses solutions. Nous avons ainsi diminué de façon conséquente nos prélèvements en eau dans le Pise* – réserve d’eau artificielle de Martinique – et nous n’effectuons plus de rejets aqueux en mer. La pérennité de la Distillerie, le respect de notre environnement et des ressources de la Martinique comme celle de la planète se sont révélés déterminants dans notre démarche.
Quel est le process et quels sont ses atouts ?
Le premier axe, c’est la réutilisation de l’eau : la mise en service d’une station en 2022 a permis la récupération de 40 000 m³ par campagne de distillation, de février à juin. Le second axe concerne l’obligation de condenser les colonnes de vapeur avec de l’eau froide. Nous constations des pertes assez importantes d’eau alors qu’actuellement, nous réalisons une économie d’eau entre 15 000 et 20 000 m³ par campagne. La facture d’eau est donc réduite de 40%.
La facture d’électricité, quant à elle, est diminuée de 10%. Le process n’a pas eu beaucoup d’impact sur la vinasse** car nous avons de toute façon l’obligation de la retraiter au lieu de la rejeter à la mer. Mais sur la partie distillation, la charge de travail est allégée et nous avons gagné en autonomie grâce à l’intégration de l’automatisme.
Nous nous sommes en outre affranchis des problèmes d’odeur car l’usine se développant, il nous fallait évoluer. Plusieurs industriels alimentaires locaux nous ont d’ailleurs approchés, désireux d’entrer dans ce process.
La Distillerie a-t-elle d’autres projets sous l’angle RSE ?
Nous travaillons beaucoup sur la partie combustion de la bagasse*** et autour de la pollution atmosphérique, en matière notamment de poussières.
* périmètre d’irrigation Sud-Est en Martinique
** résidu de distillation des moûts
*** résidu fibreux de la canne à sucre
Distillerie le Simon – Quartier le Simon
Le François – 97240 Martinique
