Ce sont de grandes consommatrices de matières premières, d’énergie, d’eau et de verre. Face au changement climatique, elles s’engagent à travailler différemment et mènent une batterie d’initiatives pour réduire l’empreinte carbone. Exemples.
Maison Ferrand : une société qui innove sur le marché de l’écoresponsabilité
On ne présente plus Maison Ferrand, gérée par le visionnaire Alexandre Gabriel. Toutes ses distilleries sont impliquées dans un engagement RSE.
Cap sur la Barbade, à West Indies Rum Distillery, dans le giron de l’entrepreneur depuis 2017, qui a relancé la machine et mis en place de grands travaux pour produire le rhum Planteray. L’objectif d’ici 2030 : ramener l’empreinte carbone à zéro grâce au biogaz. D’ores et déjà, les panneaux solaires fournissent 40% de l’énergie électrique.
Autres importantes initiatives : l’allègement des bouteilles de verre des spiritueux, en partenariat avec Verallia. Le poids du flacon Planteray XO a été abaissé de 30% à 750 g, permettant une économie de verre annuelle de 284 tonnes de matière. Une innovation prévue sur l’ensemble du portefeuille. Une démarche durable qui suit le fil conducteur du lancement des poches légères et recyclables de 2,8 litres (équivalant à 4 bouteilles) en 2023, réduisant de 80% l’empreinte carbone.
Du côté du gin Citadelle, le premier gin français affiche une écoresponsabilité indéniable : extension de la culture du genévrier avec 5 500 pieds sur 12 hectares près du domaine ; ouverture d’une orangerie sous le soleil de Charente ; collaboration avec des artisans français comme Émile Auté, producteur de thé, pour créer le gin Citadelle Thé French, une exclusivité de la distillerie.
Côté production, la distillerie turbine avec des alambics en cuivre fonctionnant à la vapeur. Une méthode beaucoup moins énergivore.
Dans le cadre de son nouvel espace destiné à accueillir les visiteurs, la maison a imaginé un bar sans bouteilles, habillé d’une structure en cuivre en forme de la bouteille Citadelle pour faire couler les gins des cuves au bar. Un outil esthétique et écologique.
Distillerie Persyn : le reflet du terroir des Hauts-de-France
À la tête de la distillerie familiale, Lionel Persyn a conservé le savoir-faire local de cette maison installée depuis 1812 dans le village d’Audomarois.
Sa spécialité : le genièvre de Houlle, une eau-de-vie de grain emblématique du Nord, aromatisée aux baies de genièvre.
« J’utilise 3 types de céréales : l’orge, l’avoine, et le seigle. Je m’approvisionne à proximité, notamment auprès de la coopérative La Flandre et de la Malterie du Château en Belgique. Pour la baie de genièvre, la plante est protégée dans les Hauts-de-France et interdite à la cueillette. Je l’achète donc en Allemagne et j’ai également un partenariat avec le Conservatoire d’espace naturel de Picardie », explique l’expert. Pour baisser mes coûts et mon empreinte carbone, je regroupe mes commandes pour les livrer dans la même journée », commente Lionel Persyn.
Lionel distribue un grand nombre de ses produits dans la région. Son nouveau navire amiral : du genièvre sur mesure, en collaboration avec les chefs des Hauts-de-France « Ils sont en quête de saveurs inhabituelles. Je propose des recettes macérées avec des plantes récoltées autour de la distillerie. »
L’une des dernières en date : le genièvre à la matricaire (plante de la famille de la camomille) pour le restaurant étoilé de Camille Delcroix : Bacôve, à Saint-Omer. Un bijou de saveurs.
Tariquet : l’armagnac le plus écoresponsable
Situé en Gascogne et géré par la famille Grassa depuis 1912, ce domaine coche toutes les cases d’une entreprise œuvrant dans une démarche écoresponsable. La Maison Tariquet, productrice de vins et de bas-armagnac, est 100% propriétaire de son domaine cultivé en agriculture raisonnée depuis les années 1990. Elle gère tous les étapes de production de la récolte du raisin à l’embouteillage. Entre 120 et 130 hectares de vignes sont dédiés à un armagnac reconnu pour son élégance, premier métier de Tariquet dès 1683.
La deuxième case à cocher ? La distillation est réalisée à partir d’alambics chauffés à feu de bois. Les piquets en bois des vignes sont d’ailleurs recyclés pour alimenter les alambics. Une partie de l’énergie récupérée est utilisée pour chauffer l’entrepôt et les bureaux.
Troisième gage de sa démarche durable : l’entreprise a directement obtenu l’honorable certification HVE (Haute Valeur environnementale) et obtenu en juin 2021 le label engagé RSE « confirmé ». D’autre part le domaine Tariquet, qui compte 130 salariés, s’engage à garantir une qualité de vie au travail. Pour la partie conditionnement, la maison a mis en place des installations afin de travailler de manière ergonomique.
Bows : une distillerie avant-gardiste respectueuse de la planète
Elle fait partie des ovnis du monde des spiritueux français : fondée en 2016 à Montauban par Benoît Garcia, la distillerie Bows (Brave Occitan Wild Spirit) a emménagé à Laure-Minervois (Aude).
Ce petit génie de la distillation aime jouer les alchimistes pour créer des spiritueux expérimentaux de manière écoresponsable : gin, rhum, whisky… Benoît réalise les étapes de A à Z, sauf le maltage. Celui-ci source soigneusement ses céréales auprès d’agriculteurs des alentours.
« Les céréales ne sont pas maltées. J’utilise du koji pour faire germer les céréales, une démarche qui réduit drastiquement la consommation d’eau. On appelle cela du kojimalt. »
Logé aujourd’hui dans une ancienne cave particulière de vin du cru minervois, Bows est équipée d’un alambic flambant neuf réalisé sur mesure. Cet outil permet de travailler sous vide en une seule passe et d’économiser deux fois plus d’énergie qu’un alambic charentais.
Les résidus de distillation sont recyclés par épandage. Le distillateur s’apprête à sortir une gamme de bouteilles en 50 cl ornées d’étiquettes en papier recyclé.
Alcool Vivant : une gamme de spiritueux qui ne détruit pas la terre
C’est l’histoire de David Mimoun, un homme pétri de valeurs parti s’installer en Charente pour y développer sa marque de spiritueux français bio sans chimie ni additifs, avec des partenaires adhérant à sa philosophie.
« Mon ambition : rendre la campagne plus vivante », explique le fondateur, rejoint dans sa démarche par Patrick Pech pour la partie commerciale.
À présent, la maison vertueuse propose gin, cognac, rhum, whisky sans additif. Avec Planet-score, Vivant affiche sur les étiquettes de ses bouteilles une totale transparence en mettant en avant la qualité environnementale réelle du spiritueux.
À noter que David Mimoun figure aussi parmi les fondateurs de Gnôles Naturelles, un mouvement de distillateurs guidés par le sens de l’éthique.
