Laurent Cuvier
Après l’attention portée à Benriach et à Glenglassaugh, Brown-Forman se penche sur sa troisième distillerie de single malt écossais, Glendronach. Cela se traduit d’ores et déjà par la refonte de ses flacons, avant l’arrivée de références l’année prochaine.
C’est en 1826 que The Glendronach voit le jour, au creux de la « vallée des mûriers ». James Allardice, son fondateur, a 46 ans quand la première pierre de la distillerie est posée.
Doté d’une vision et d’un sens des affaires remarquables, il met tout de suite en place une élaboration précise et singulière de ses whiskies. Il sélectionne en personne la levure utilisée au cours de la fermentation de son orge, elle-même sourcée auprès de 2 agriculteurs locaux. Et c’est également lui qui se trouve à l’origine de la particularité la plus notable de la distillerie : un vieillissement intégral en ex-fût de xérès. C’est cette dualité, fruit du mariage de single malt des Highlands et du célèbre vin blanc fortifié espagnol, qui forge l’identité de la marque.
36 ans après sa création, The Glendronach figure parmi les distilleries les plus importantes des Highlands. Après avoir doublé son parc d’alambics en 1960 (qui passe à 2 wash stills et 2 spirit stills), la production annuelle s’élève aujourd’hui à environ 1,4 million de litres d’alcool pur.
En 1996, la distillerie des Highlands (et en fait du Speyside) plonge dans un sommeil qui durera 6 ans. À son réveil, la production reprend mais les aires de maltage, elles, demeureront silencieuses. La chauffe à feu nu des alambics, viendra elle aussi à disparaître et se verra remplacée par la vapeur. En revanche, les cuves de fermentations n’ont pas bougé d’un iota : fabriquées à partir de mélèze écossais, elles sont uniquement nettoyées à l’eau, afin de ne pas exterminer les bactéries qui y ont élu domicile. La typicité du distillat, elle aussi, perdure : un new make chargé, fruité et gras, fait pour rester durant de longues années au contact du chêne.
Après avoir été la propriété de plusieurs grands groupes, Glendronach est racheté par Brown-Forman en 2016, au travers de l’acquisition de la Benriach Distillery Company. C’est la même année que Rachel Barrie est nommée master blender. Chimiste de formation, cela fait plus de 20 ans qu’elle occupe le poste de maître de chai au sein de plusieurs distilleries prestigieuses (Glenmorangie et Bowmore) avant d’arriver dans le groupe Benriach.
À l’orée de son 200e anniversaire, Glendronach décide de changer son identité visuelle. Entre classicisme et luxe, la nouvelle bouteille semble à la fois plus élancée et plus robuste. Modernité et sophistication se manifestent également au travers de la nouvelle étiquette, moins chargée, réduite en taille et allégée en fioritures. L’ensemble laisse plus de place au liquide lui-même, qui devient la vraie vedette de ce packaging. Cette relative sobriété ne saura cacher à l’œil le plus attentif l’emphase mise sur l’élevage en ex-fût de sherry ainsi que la signature de Rachel Barrie, apposée sur chaque étiquette.
Ces modifications s’inscrivent pleinement dans les enjeux actuels de protection de l’environnement. Exit le canister, remplacé par un carton beaucoup moins générateur de gaz à effet de serre, et bonjour le verre recyclé, qui constitue 37% des nouvelles bouteilles du cœur de gamme (les fameux 12 ans, 15 ans et 18 ans).
Dans 2 ans, The Glendronach fêtera ses 2 siècles ; nul doute que cela s’accompagnera de célébrations et d’édition(s) anniversaire, qui viendront compléter les références prévues début 2025.
The Glendronach 12 ans
VIEILLISSEMENT : EX-FÛTS DE PEDRO XIMÉNEZ ET D’OLOROSO
Le xérès se manifeste déjà sensiblement et entraîne dans son sillage toute une palette chaleureuse d’épices (qui vont aller crescendo), de fruits secs, ainsi qu’une pointe torréfiée. Pour autant, sa nature maltée n’est pas gommée et les céréales jouent leur rôle à chaque étape de la dégustation.
Ce 12 ans est idéal pour comprendre le profil de la distillerie.
70 cl, 43% – Prix : 79,90 €
The Glendronach 15 ans
VIEILLISSEMENT : EX-FÛTS DE PEDRO XIMÉNEZ ET D’OLOROSO
Plus intense que son benjamin, sa trame fruitée se remarque immédiatement. La cerise et la mûre nous amènent sur un terrain suave et engageant ; leur fraîcheur est accentuée par une note mentholée, qui vient parfaitement équilibrer le chocolat noir et – une nouvelle fois – les fruits secs. Aidée par une amertume mesurée et une pointe de tabac, la longueur a monté d’un cran.
70 cl, 46% – Prix : 109,90 €
The Glendronach 18 ans
VIEILLISSEMENT : EX-FÛT D’OLOROSO
On gagne encore en chaleur sur ce 18 ans, qui se fait plus sombre. Sucre de canne non raffiné, tabac, fruits secs (sans nul doute le fil conducteur de la gamme), boisé fortement bousiné, et cacao amer : voilà le quintet qui nous prend par les papilles et ne compte pas les lâcher de sitôt. Pour un long moment, le palais est marqué par les arômes et la langue par la texture. Une étape est passée en termes d’intensité et de persistance.
70 cl, 46% – Prix : 250 €
