Depuis juillet, CGA by Nielsen a mis en place le rapport Pulse, visant à prendre le pouls du secteur CHR français sur une fréquence mensuelle. Une démarche déjà lancée en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis et en Angleterre, à même de suivre quasiment en temps réel la consommation dans les établissements du territoire. Bilan.
« En France, depuis 2021, nous orchestrons 2 enquêtes annuelles en mars et en septembre dénommées Opus, explique Julien Veyron, directeur des solutions clients CGA by Nielsen pour la France. Elles s’établissent sur un échantillon de 5 000 personnes sur un semestre quand Pulse en rassemble 750 sur un mois, les deux ayant pour particularité d’être composées de consommateurs répartis dans toutes les régions de France et s’étant généralement rendus au moins une fois par mois dans un CHR. »
En se basant sur l’ensemble des données recueillies, les enquêtes révèlent que 52% des consommateurs interrogés prévoient de réduire leur consommation d’alcool au cours des 12 prochains mois, tandis que 16% ont déjà commencé à modérer leur consommation. Une tendance qui ouvre la voie à des alternatives moins alcoolisées : 41% des personnes sondées boivent désormais des mocktails lorsqu’elles sortent, quand 34% optent pour une bière sans alcool ou à faible teneur en alcool.
Les amers en première ligne
« En outre, si les Français sont très attachés au CHR, on constate que le secteur n’a pas retrouvé sa fréquentation d’avant-Covid. Toutefois, des jeunes y vont plus souvent mais les plus de 50 ans y sont moins assidus », ajoute Julien Veyron.
En conséquence, la consommation se modifie avec moins de succès dans le CHR pour les whiskies, les anisés, les apéritifs d’origine au profit des liqueurs, du gin, de la vodka. Sans oublier une performance assez forte des amers qui continuent de progresser, à l’instar du spritz.
Côté dépenses, l’inflation touche considérablement le portefeuille des Français et le budget consacré au secteur CHR en subit les répercussions.
« Si les gens sortent moins, dépensent moins, il apparaît toutefois qu’ils ne baissent pas pour autant leur exigence quant aux produits qu’ils consomment », précise Julien Veyron.
On continue donc à manger et à boire du « bon », a contrario de ce que l’on observe dans la grande distribution où la plupart des consommateurs ont baissé en gamme leurs achats.
Un rééquilibrage après des années chahutées
Autre constat : si post-Covid, la consommation de spiritueux a connu une belle envolée notamment portée par les jeunes et parfois au détriment de la bière qui était plutôt en recul, 2023 signe le grand retour de la bière. Question de portefeuille sans doute… qui voit, même si le cocktail reste fort, sa consommation fléchir, tout au moins stagner.
« En 2024, après une longue période agitée due à la crise sanitaire, la situation devrait revenir à la normale, constate Julien Veyron. Les spiritueux retrouvent la voie qu’ils avaient tracée pré-Covid, tout comme la bière… Et plus globalement, ce véhicule social qu’est le CHR, après avoir été longtemps chahuté, reprend la place qu’il a toujours eue auprès des Français. »