Pour les fêtes, la figure la plus poétique du bar français frappe fort : Antony Bertin dévoile son tout premier spiritueux, un gin né d’une inspiration inattendue – saisir l’essence même de l’orage. Présenté depuis le 5 décembre dans un projet cinématographique ambitieux et diffusé sur les réseaux sociaux, ce lancement marque une nouvelle étape dans la carrière du chef barman, maître artisan des émotions liquides.
Comment est née l’idée de créer ton premier gin, Oragin, à partir d’une inspiration aussi singulière ?
J’ai toujours eu le rêve de signer mon propre gin, mais avec une condition : qu’il ne ressemble à rien d’existant. Dans un marché aussi concurrentiel, il fallait une vision forte. Passionné de phénomènes météorologiques, je me suis souvent demandé quel goût pourrait avoir un orage liquéfié. Cette intuition un peu folle m’a conduit à collaborer avec la Maison Manguin, près d’Avignon — les créateurs d’Oligin — pour donner vie à Oragin.

Mais quel peut être le profil aromatique d’un orage, un “ingrédient” que l’on imagine sans saveur ?
Avec Béatrice Hanquiez, de la Maison Manguin, nous avons construit la recette et cherché son équilibre. L’âme d’Oragin, c’est son goût vibrant. Chaque ingrédient incarne une facette de l’orage : l’olive de Provence pour la tension minérale ; les feuilles de cardamome du Népal pour l’humidité végétale après la pluie ; le citron et la bergamote de Marrakech pour le vent agité et la fraîcheur ; le sel d’Égypte pour l’empreinte saline laissée par les gouttes ; la clémentine de Corse pour la lourdeur chaude qui précède l’éclair. Il nous a fallu 18 mois pour parvenir à cette harmonie.

Pour accompagner ce lancement, tu as réalisé une vidéo. Ce n’est pas ta première aventure dans l’image ?
Ma toute première vidéo avait été tournée au téléphone portable, pendant le confinement. Cette fois, j’ai voulu aller beaucoup plus loin : c’est un véritable court-métrage avec effets spéciaux, réalisé avec trois amis venus du cinéma — Maël Charpentier, William Claegman et Titouan Charpentier. Un projet artistique à part entière dans l’univers des spiritueux. L’esthétique s’inspire de Tim Burton et de Charlie et la Chocolaterie. On y suit un chercheur fou tentant de distiller l’orage grâce à son « Captur’Nuage ». Et il y parvient. Plus de 400 heures de montage ont été nécessaires. Un making-of de 45 minutes sortira prochainement pour dévoiler les coulisses et le tournage.

Est-ce le début d’une série de spiritueux nés d’univers créatifs ?
Ce projet n’a rien d’un business : je poursuis mon activité de barman indépendant pour les marques ainsi que ma mission de formateur. Oragin, c’est avant tout l’expression artistique de mon travail, une expérience autour d’une destination cocktail. C’est un gin pour les curieux, proposé en édition limitée et pensé comme un produit accessible, à 43 €. Le logo, dessiné par mon épouse Soizic Leterreux, représente un orage au-dessus du Ventoux et un renard faisant face aux éléments, clin d’œil à Sakura. Si les retours sont au rendez-vous, je continuerai à imaginer d’autres spiritueux dans ce même esprit.
À découvrir sur son site d’Antony Bertin et sur ses réseaux sociaux.

