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GUILLAUME DE ROANY : UNE AUTRE VISION DE L’EMBOUTEILLAGE INDÉPENDANT

Avec sa collection éponyme, il trace un chemin singulier dans l’univers du rhum. Issu du monde du vin, passé par la sommellerie puis le négoce, il applique à ses embouteillages une approche artisanale et cohérente. Sa méthode : sélections rigoureuses selon ses goûts, et travail de chai en Provence.

Guillaume de Roany n’est pas arrivé par hasard dans le monde du rhum. Il a grandi sur le domaine viticole familial au nord d’Aix-en-Provence, immergé dès l’enfance dans la culture de la vigne, les vendanges, la vinification et les dégustations. Très tôt, il développe son palais et s’oriente professionnellement vers la sommellerie, où il fourbit ses armes dans un restaurant étoilé bordelais.

C’est là qu’il découvre le rhum autrement. À travers des dégustations à l’aveugle avec ses collègues, il mesure toute la richesse et la complexité de ce spiritueux, grâce à 2 cuvées : un JM 1997, et un HSE 1998. Il se passionne pour cet univers alors en pleine ascension. En 2016, il crée sa société de négoce et de conseil en vins et spiritueux. Les spiritueux – et le rhum en particulier – prennent de plus en plus de place.

LA RENCONTRE ET LE PROJET

Pendant le confinement, son activité se retrouve à l’arrêt. Il rejoint alors son ami Hugo Randazzo, artisan de rhums arrangés, qui peine à suivre la demande des cavistes. Ce coup de main devient un vrai partenariat. Ensemble, ils mûrissent l’idée d’une nouvelle gamme : la Collection Guillaume de Roany. Hugo apporte l’outil de production et la distribution, Guillaume l’expertise, les contacts, et surtout une envie : proposer des embouteillages personnels, sans tomber dans la rareté élitiste.

La collection repose sur une idée simple : sourcer des rhums de qualité (par exemple auprès des distilleries, comme Montebello ou Foursquare) et les travailler avec soin. Guillaume mise sur l’équilibre, l’originalité, et l’identité du terroir. Le format 50 cl permet de produire plus de bouteilles par fût, tout en restant abordable pour le consommateur. L’objectif est de permettre à ceux qui aiment les produits de la collection de pouvoir les acheter, les goûter, et y revenir.

LE CHAI COMME TERRAIN DE JEU

Chaque cuvée fait l’objet d’un travail spécifique. Où qu’il sélectionne ses fûts, c’est surtout dans le chai que ça se joue. Vieillissement en Provence, assemblages originaux, finitions variées, réductions précises : Guillaume peaufine chaque cuvée pour affirmer une identité et une originalité.

Le vieillissement en Provence n’est pas un simple effet de style. Le climat local, avec ses écarts de température marqués et son air sec, influence profondément l’évolution des rhums. La part des anges y est significative, et les profils varient selon les saisons. Un vieillissement actif, que Guillaume et Hugo mesurent et documentent. Bien sûr, de nombreux fûts « dorment » actuellement dans ces chais ; projets et cuvées à venir ne manquent pas.

UNE COLLECTION EN MOUVEMENT

La gamme évolue constamment. Certaines cuvées sont des single casks, certaines des assemblages (par exemple entre rhum agricole et rhum de mélasse), certaines réduites sous les 50%, et d’autres des high proof. Les étiquettes, illustrées par Andrew Java, traduisent aussi cet esprit artisanal : sincère, simple, mais soigné. De plus, toutes les informations importantes y sont notées, répondant au besoin de transparence des consommateurs.

La plupart des cuvées sont acheminées par bateau à voile depuis les Caraïbes. Ce mode de transport offre, outre son côté vertueux, un vrai intérêt gustatif grâce à une exceptionnelle intégration de l’alcool.

Pas de velléité à devenir distillateur. Guillaume voit son rôle ailleurs : dans la sélection, l’assemblage, le vieillissement. L’idée n’est pas de reproduire des recettes à la chaîne, mais d’interpréter chaque cuvée avec justesse. Dans les années à venir, il envisage d’élargir la collection avec de nouvelles provenances et de nouveaux styles.

Et pourquoi pas faire un tour du monde des pays producteurs de rhum au travers de ces embouteillages ?

Écrit par Laurent Cuvier

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