Quasiment disparue depuis la fin des années 1980 en France, à l’exception de l’Alsace, elle fait de nouveau parler d’elle. Utilisée par 140 millions d’habitants de l’Union européenne, cette pratique diminue significativement le volume de déchets. État des lieux.
Tandis que la consigne est bel et bien passée de mode dans l’Hexagone, une dizaine d’autres pays européens, à l’instar de l’Allemagne, ont conservé cette habitude. Plus encore : outre-Rhin, la consigne est portée par le ministère de l’Environnement et régie, même si elle n’est pas obligatoire pour les consommateurs, par diverses législations.
Dénommée « Pfand », cette pratique s’articule autour d’un système de caution. Concrètement, pour l’achat d’une bouteille de bière ou d’un soda vendu dans une bouteille en plastique, le consommateur va verser de 8 à 25 centimes de plus que le prix du produit. Une somme qui lui sera remboursée une fois le contenant ramené et scanné par la machine de consigne automatique, par le biais d’argent liquide ou de bons d’achat.
L’Alsace crée le réseau « Alsace Consigne »
« En Alsace, où la pratique de la consigne est restée, tous les ans 25 millions de bouteilles consignées sont vendues, explique Simon Baumert, cofondateur de Zéro Déchet Strasbourg.Toutefois, nous souhaitons remettre en lumière ce mode de fonctionnement qui correspond de plus en plus aux consommateurs : l’envie de produits sains et d’emballages plus respectueux de l’environnement.» En ce sens, son association appuyée par 3 marques régionales emblématiques (Meteor, Carole et Lisbeth) a annoncé le 30 avril dernier la création du réseau « Alsace Consigne », qui ambitionne de collaborer avec les producteurs, les industriels et les distributeurs pour faciliter la consigne de bouteilles en verre. « A contrario du verre perdu,cette pratique permet une réduction de 80% des gaz à effet de serre, souligne Édouard Haag, directeur général et commercial de Meteor. Une bouteille en verre pouvant être réutilisée jusqu’à 20 fois.» Site : zds.fr
En Norvège, 97% des bouteilles en plastique sont recyclées
En Allemagne, où le système est donc entré dans les mœurs, sur tous les types de bouteilles, le taux de collecte affiche les 90% quand la France enregistre 86% pour le verre, 60% pour le plastique et 43% pour les cannettes. De maigres résultats qui feraient bondir les Norvégiens… Là-bas, ce sont pas moins de 97% des bouteilles en plastique que l’on recycle. Des résultats détonants, rendus possibles par un système drastique auxquels politiques, habitants et industriels s’associent. Même si ces derniers y sont explicitement contraints… En effet, en Norvège l’État a mis en place une taxe évolutive à destination des industriels qui fabriquent des bouteilles en plastique. Plus ils recyclent, plus la taxe baisse. Elle peut même être supprimée si 95% de leur production est recyclée. En parallèle, le système de consigne est généralisé.
L’État français vise la collecte de 100% des déchets plastiques d’ici à 2025
Mais revenons à la France… En région, dans le même ordre d’idée qu’en Alsace, plusieurs associations invitent au retour de la consigne. « De “Consign’UP” à Toulouse à “Clus’ter Jura” en passant par les festivals, les guinguettes estivales à l’instar de celles de Tours, chaque année près de 300 acteurs locaux évitent 500 000 tonnes de déchets d’emballages», précise Simon Baumert. Au niveau national, signe d’intérêt du gouvernement, la secrétaire d’État à l’Écologie Brune Poirson, a lancé en janvier dernier « un appel aux Français pour trouver des solutions innovantes destinées à améliorer la collecte de produits recyclables. » En février, elle émettait plusieurs possibilités comme le retour de la consigne, le « nudge » (une incitation au tri par le jeu), ou la création d’applications d’aide au tri… Objectif gouvernemental : collecter 100% des déchets plastique d’ici à 2025… Reste à passer à l’action !
Par Gérald Dudouet