Orange, cassis, plantes… grâce à leur ancrage régional et à leur profil aromatique adapté à la mixologie, les liqueurs ont le vent en poupe. Rencontre avec Lucile Talleu, déléguée générale du Syndicat Français des liqueurs.
Depuis une décennie, cette catégorie redonne le sourire au marché des spiritueux en France : en 2023, les liqueurs et crèmes de fruits affichent des chiffres en hausse, notamment dans le secteur du CHR, avec une augmentation de 2% (d’après l’étude Repères 2024 de la Fédération française des spiritueux). « La catégorie est très dynamique. Chaque année de 2015 à 2023, entre 13 et 17 millions de litres de liqueurs ont été écoulés. L’une des raisons de cette croissance est l’essor de la mixologie et l’intérêt des barmen pour cet alcool riche en saveurs, qui leur permet de s’exprimer de manière créative », explique Lucile Talleu, de la Fédération française des spiritueux.
Les maisons de spiritueux s’adaptent aujourd’hui aux attentes de leurs clients et aux tendances comme celle du spritz, qui nécessite l’ajout d’une liqueur. De nombreux producteurs diversifient leur offre dans cette catégorie florissante. C’est le cas d’Awen Nature, spécialiste de l’absinthe, qui connaît un véritable engouement avec sa liqueur de fleur de sureau.
Dorénavant, l’organisation de compétitions de cocktails à l’international est la stratégie des marques de liqueurs pour séduire la communauté des barmen : la Giffard West Cup, créée par la maison angevine, fête cette année son 27e anniversaire ; le Margarita Challenge de Cointreau, centré autour de la célèbre liqueur d’écorces d’orange, en est déjà à sa 4e édition ; et l’Unexpected Cartron Tour, lancé par le liquoriste renommé de Nuits-Saint-Georges, revient pour la seconde fois en 2025.
Une autre raison du succès de ces spiritueux titrant à minimum 15% réside dans leur fort ancrage régional – un aspect auquel les consommateurs se montrent particulièrement sensibles. « Cette boisson artisanale incarne l’histoire et le savoir-faire de sa région : la crème de cassis en Bourgogne, le génépi en Rhône-Alpes, qui bénéficie d’une tradition monastique tout comme la chartreuse en Isère », souligne l’experte.
Pour la première fois, lors de la 41e édition des Journées du patrimoine l’événement « Apéritif du patrimoine », qui se tiendra les 15, 16 et 17 septembre, mettra en avant les liqueurs aux côtés des vins d’apéritif. Une parfaite occasion pour visiter la Chartreuse, victime de son succès aux États-Unis, qui a pris la décision de plafonner sa production afin de limiter son empreinte carbone et de préserver la vie monastique de sa communauté. Une initiative qui ne sera probablement pas suivie par d’autres acteurs du marché.
5 LIQUORISTES HISTORIQUES
COINTREAU ET GRAND MARNIER
Le premier appartient au groupe Rémy Cointreau, le second à Campari. Leur point commun ? Ces liqueurs ont été inventées au XIXe siècle et sont réalisées à partir d’écorces d’orange (la seconde a comme base alcoolique le cognac). Toutes les deux sont plébiscitées par les barmen.
JOSEPH CARTRON
Fondée en 1882 à Nuits-Saint-Georges, la maison de liqueur bourguignonne, gérée par Judith Cartron, 5e génération, est réputée pour son savoir-faire, son sourcing, et ses recettes innovantes. La dernière en date : la liqueur de bermagote, fabriquée à partir de 3 variétés italiennes.
GABRIEL BOUDIER
Fondée en 1874, la maison dijonnaise a bâti sa notoriété grâce à sa crème de cassis de Dijon. Aujourd’hui, Gabriel Boudier est reconnu pour son savoir-faire et ses flacons vintage. Ses 4 fleurons :
crème de cassis de Dijon ; crème de pamplemousse ; liqueur de fleur de sureau ; et crème de framboise.
GIFFARD
Née en 1885, la maison familiale angevine s’est taillé une belle réputation en France comme à l’international avec sa liqueur de menthe poivrée Menthe-Pastille. Giffard s’est diversifiée depuis avec une gamme sans alcool très réussie.