Laurent Cuvier
Fondée en 1845 par Louis et Charles Isautier, l’entreprise est un pilier de l’industrie du rhum à La Réunion. Aujourd’hui, elle capitalise sur l’engouement pour cette boisson et multiplie les initiatives pour s’imposer encore davantage sur le marché. Parmi ces nouveautés, les « Agents Doubles ».
La Réunion, c’est 22 600 hectares dédiés à la canne à sucre. Cette petite île de l’océan Indien se trouve être le département français qui produit le plus de sucre de canne.
Et qui dit saccharum officinarum dit – le plus souvent – rhum. Il n’y a pas moins de 5 distilleries à La Réunion : Rivière du Mât, Savanna, Isautier, la Part des Anges (de taille très réduite), et la toute récente Payet & Rivière. Rappelons que Charrette n’est pas une distillerie, mais une marque à laquelle les principales usines rhumières de l’île fournissent du rhum.
La plus ancienne d’entre elles avait dû diversifier ses activités au sortir de la Seconde Guerre mondiale, pour se recentrer sur la production de rhum dans les années 1990. Mais c’est vraiment grâce à leurs rhums arrangés qu’Isautier s’est fait un nom, leur célèbre recette Banane Flambée tirant les ventes depuis plus de 10 ans – période pendant laquelle le chiffre d’affaires de l’entreprise s’est vu multiplié par 4.
Depuis bientôt 3 ans, on peut également voir les premiers résultats du travail engagé il y a une vingtaine d’année sur les chais de vieillissement : remplacement des fûts, augmentation du parc, travail sur le chêne français (neuf ou roux), et méthode inspirée du cognac.
En 2023, 2 références étrennent une gamme : les Agents Doubles
Ces 2 rhums blancs trouvent leur identité dans l’assemblage de rhums de sucrerie et de rhums agricoles. La maison Isautier – comme d’autres producteurs réunionnais – possède un double savoir-faire en travaillant les 2 matières premières ; ces créations en sont une nouvelle preuve.
Distillés en 2021 et sélectionnés bruts de colonne, le rhum industriel (89%) et le rhum agricole (71%) sont assemblés tels quels, pour être ensuite progressivement réduits et atteindre les 55%.
Il est à noter que blancs ou vieux, tous les rhums Isautier suivent le cahier des charges de l’Indication géographique « Rhum de La Réunion ». L’un des points-clefs de ce « label », c’est le respect de l’appellation « Rhum Traditionnel » (non, ce terme ne désigne pas uniquement les rhums de mélasse). La double utilisation de mélasse et de jus de canne n’empêche nullement la qualification de « rhum traditionnel ».
Appellation « Rhum Traditionnel », les critères à respecter pour que ces mots soient apposés sur l’étiquette :
- la matière première doit être originaire du lieu de production
- le pourcentage volumique de distillation doit rester sous les 90%
- la teneur en substances volatiles (ou taux de non-alcool) doit atteindre au moins 225 grammes par hectolitre d’alcool pur
- pas d’édulcoration
L’Agent Double 01, à dominante agricole, ne comprend qu’un tiers de rhum de sucrerie. L’Agent Double 02, à l’inverse, contient seulement 35% de rhum issu du pur jus de canne.
En 2024, une troisième référence voit le jour : l’Agent Double Fusion
Fruit de plusieurs années de recherches menées par Marie Ferrand, maître de chai d’Isautier, il remonte plus loin dans le procédé de fabrication pour allier les 2 matières premières. En effet, c’est au niveau de la fermentation que mélasse et jus de canne sont ici associés, à parts égales. Après avoir testé plusieurs méthodes, cette cofermentation a été menée sur un levain de jus de canne auquel a été ajoutée la mélasse.
La distillation, quant à elle, suit le modèle de celle d’un rhum de mélasse, avec un degré de coulage élevé (un peu en dessous des 90%). Réduction, repos et brassage ont duré 2 ans et demi, en cuve inox, pour un pourcentage volumique de 55%.
À l’avenir, on peut s’attendre à voir s’étoffer cette collection… Peut-être avec des rhums vieux, qui sait ? Ce qui est certain, c’est qu’Isautier travaillera toujours en alliant tradition et innovation, tout en respectant son héritage réunionnais.
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