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« CETTE ANNÉE, UNE BRASSERIE INDÉPENDANTE SUR DIX FERMERA » RENCONTRE AVEC JEAN-FRANÇOIS DROUIN  

Face à l’inflation et aux trésoreries en berne, le syndicat national des brasseries indépendantes (SNBI) vient de réaliser une étude auprès de ses adhérents et tire la sonnette d’alarme auprès des pouvoirs publics. Rencontre avec Jean-François Drouin, le président du SNBI

Jean-François Drouin

Quelle est la vocation de l’étude que vous avez menée en fin d’année dernière ? 

Si, en mars 2023, nous avions déjà alerté les consommateurs et les pouvoirs publics sur les fragilités de notre secteur et les différentes hausses subies, nous avons souhaité quantifier notre problématique. D’après ce baromètre, nous constatons que 40% des brasseries déclarent une baisse de leur CA et que 67% des brasseurs indépendants rencontrent des difficultés économiques. Soit deux brasseries sur trois qui considèrent la santé financière de leur entreprise moyenne voire mauvaise. 

Constat d’autant plus inquiétant qu’une brasserie indépendante sur dix déclare qu’elle va fermer en 2024. 250 entités disparaîtront cette année du paysage. 

Cette problématique ne touche-t-elle pas tous les acteurs du secteur ? 

Non ! Les industriels affirment que leurs ventes ont augmenté de 4 à 6%. C’est la raison pour laquelle il nous semble légitime de solliciter le gouvernement. Si nous avons réussi à passer l’étape du Covid via la mise en place par l’État de différentes aides, nous voilà désormais seuls face à la crise en Ukraine et à l’impact des hausses énergétiques directes qui sont passées par nos fournisseurs. Notamment les verriers. D’ailleurs 92% des brasseurs disent que leurs difficultés proviennent essentiellement de l’augmentation des bouteilles de verre, dont le prix a doublé. Voilà pourquoi nous demandons au gouvernement, que nous avons récemment rencontré, une aide de 5 centimes par bouteille utilisée en 2023 et 2024 : il s’agit de soutenir les brasseries indépendantes en difficulté. 

Nous demandons également que l’État nous autorise la vente à emporter et celle à consommer sur place dans nos brasseries. Les viticulteurs, eux, ont ce droit tandis que nos brasseries doivent solliciter une licence, rarement accordée. Cela permettra à certains de nos collègues de développer leur marge et peut-être de sortir du gouffre dans lequel ils se débattent actuellement. 

Pour réduire vos frais de productions, avez-vous déjà envisagé d’autres solutions que des aides de l’État ? 

Bien sûr. C’est une réflexion de fond que nous menons depuis la sortie de crise du Covid. En ce sens, nous avons développé Nego Brass’, une centrale de négociation par laquelle nous invitons nos fournisseurs à venir au contact de nos adhérents en massifiant nos achats, en vue de pratiquer des prix plus raisonnables sur les matières premières. Parallèlement, et concernant le verre, nous travaillons depuis quelques années sur sa réutilisation via la consigne. Mais cela reste un travail de longue haleine qui ne débouchera que si le gouvernement met en place des structures logistiques pour le récupérer et le nettoyer. Aussi, à titre personnel, je pense que si l’État n’impose pas les choses, rien ne se passera. Or pour nous, pour notre secteur, il faut mener des actions car les warnings sont au rouge ! 

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Écrit par Gérald Dudouet

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