Après Tokyo, Riyad, São Paulo le célèbre café littéraire du quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris fêtera l’année prochaine ses 140 ans. Avec l’ambition d’ouvrir à l’international pas moins de 15 établissements d’ici à 2030. Rencontre avec Jacques Vergnaud, directeur associé de la marque.
Pouvez-vous nous présenter les Deux Magots et ses évolutions ?
Créé en 1884, les Deux Magots est un café littéraire qui fut racheté en 1914 par Auguste Boulay, l’arrière-grand-père de la propriétaire actuelle Catherine Mathivat, dont je suis le cousin. Transmis de génération en génération, il s’agit donc d’un établissement familial qui a accueilli le siècle dernier plusieurs courants littéraires via des écrivains, des artistes et des intellectuels de renom tels Simone de Beauvoir, Sartre, Vian, Prévert, Picasso…
En 2016, année de mon arrivée en tant que directeur associé, nous avons décidé de repositionner l’enseigne. En premier lieu, nous avons travaillé sur le site de Saint-Germain, auquel nous avons impulsé une nouvelle dynamique en mettant en place des événements d’envergure : remises de prix littéraires, jeudis du jazz, lundis des écrivains… Une initiative qui a permis de doubler le chiffre d’affaires, passé de 6,4 millions € en 2021 à 15 millions € aujourd’hui.
Quid de la marque à l’international ?
Si en 1989, nous avons été sollicités pour développer la marque au Japon avec la création d’un établissement à Tokyo, nous avons décidé post-Covid de prendre les choses en main et d’attaquer par nous-mêmes le marché international. Le 12 mai dernier, nous avons ainsi ouvert sous la forme de licence un Deux Magots à Riyad en Arabie saoudite, et un autre à São Paulo au Brésil le 18 octobre.
Une introduction à l’ambition que nous nous sommes fixée : ouvrir d’ici à 2030 une quinzaine de cafés littéraires à travers le monde, dans des capitales ou dans des grandes villes avec pour prérogative d’avoir un seul établissement par pays afin de conserver l’exclusivité de la marque.
Un parti pris qui pourra comprendre quelques exceptions, par exemple aux États-Unis où nous sommes en pourparlers pour ouvrir une enseigne et à New York et à proximité de Los Angeles. Par ailleurs, nous réfléchissons actuellement sur Montréal, Mexico, Séoul, Hong Kong, Shanghai…
Quels autres projets en gestation ?
Nous développons parallèlement des comptoirs dédiés à la vente à emporter, qui s’articuleront autour de 2 axes : le snacking premium, et les coffrets cadeaux. Ces comptoirs seront installés à la fois sur des zones urbaines dans des locaux de 60 à 70 m², et sur des zones aéroportuaires sur 20 à 25 m².
80% des ventes se feront par la vente à emporter et 20% de la consommation s’effectuera sur place avec quelques tables, quelques mange-debout.
Ces corners, à la différence des établissements internationaux, seront déployés non pas sous forme de licence mais en franchise. Le comptoir pilote ouvrira avant les Jeux olympiques, à proximité des Deux Magots. Par la suite, le concept se déclinera dans les différents pays où nous sommes déjà implantés puis dans ceux où nous projetons d’ouvrir d’autres opus du café littéraire. D’ici à 2030, 40 comptoirs devraient voir le jour.