Face à un contexte économique difficile, la planète bière vit une vraie mutation. des brasseries artisanales, aux reins solides, décident d’un nouveau départ quand d’autres cherchent à renforcer leur distribution avec le soutien de grands groupes. Les gérants des maisons françaises tels la Brasserie du Mont-Blanc et la débauche ainsi que l’institution danoise Mikkeller changent de cap.
L’ACQUISITION D’UNE VEDETTE DE LA BIÈRE FRANÇAISE PAR UN GROUPE BELGE : UNE STRATÉGIE POUR S’IMPOSER SUR LE MARCHÉ TRICOLORE.
Nous sommes le 15 septembre 2023. Une date à marquer d’une croix blanche dans l’histoire brassicole française : l’annonce d’une icône tricolore passant dans le giron belge. En clair, la Brasserie du Mont- Blanc, gérée depuis 1999 par l’entrepreneur Sylvain Chiron, a été rachetée par le groupe Duvel Moortgat, une figure de la bière belge à la tête de 12 brasseries indépendantes avec des noms célèbres telles que Chouffe et Vedett.
La réussite de la brasserie savoyarde, installée au coeur des Alpes, a fait rêver plus d’un entrepreneur : 60 salariés, 110 000 hectolitres en 2022, un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros, un catalogue complet de bières réalisées à partir de l’eau des flancs du mont Blanc, des récompenses à plusieurs reprises, des recettes emblématiques comme la Verte au génépi. Sylvain Chiron a gagné son pari et passe la main. Attention : pas n’importe quelle main puisque l’oncle de Michel Moortgat, PDG de Duvel Moortgat, a soutenu le brasseur lors de la reprise de la société.
L’ambition du groupe belge ? Accroître la présence de la brasserie sur le marché français et à l’étranger via son équipe forte de 80 commerciaux, et poursuivre l’extension de la brasserie sur son site de La Motte- Servolex. Quant à Sylvain Chiron, on espère le retrouver autour d’une belle barrique avec sa marque de whisky !
L’UN DES FLEURONS DES BRASSERIES ARTISANALES FRANÇAISES RACHETÉ PAR UNE COOPÉRATIVE AGRICOLE
Comment imaginer que l’un des plus fameux couples d’Angoulême et du monde brassicole français, Aurélien et Églantine Camandone, stoppent l’aventure de la brasserie la Débauche en 2024 ? Applaudie pour ses recettes excentriques, ses canettes et ses bouteilles au design ultra-graphique conçu par des artistes, cette icône de la bière française s’est imposée avec son style pendant plus de 10 ans. Aujourd’hui, elle peut s’enorgueillir d’un excellent bilan : 27 salariés, un volume annuel de 20 000 hectolitres dont 80% écoulés hors du territoire local, 250 références, et un splendide site de production accompagné d’une taproom et d’une boutique stylées.
Depuis 2021, le tandem créatif a élargi ses horizons en créant Salem Brewing Co, une seconde brasserie destinée à produire des washs pour la distillation du whisky – en collaboration avec Océalia, groupe coopératif de Nord-Aquitaine spécialisé dans les domaines des céréales, de l’élevage, et de la viticulture. Dorénavant, il est le nouveau propriétaire de la Débauche qui a pour volonté de pérenniser l’excellent travail des fondateurs grâce à leurs compétences tandis qu’Aurélien et Églantine imaginent de nouveaux projets dans le monde des spiritueux.
UNE INSTITUTION DE LA BIÈRE ARTISANALE DANOISE DISTRIBUÉE PAR UN GRAND GROUPE
En apprenant la nouvelle, les beer lovers ont failli avoir une attaque : la figure de la bière artisanale danoise Mikkeller, fondée par Mikkel Borg Bjergsø en 2006, a signé un partenariat avec Carlsberg pour stimuler sa distribution sur le marché concurrentiel danois, fragilisé par la crise.
Le groupe a fait l’acquisition de seulement 20% du capital tandis que le créateur de Mikkeller garde les manettes sur la création de ses bières et bénéficie de la force de frappe commerciale de Carlsberg. Les bars et restaurants de Mikkeller restent également sous le contrôle de cet artiste de la bière. Que du bonus pour la brasserie danoise !