Menu
in ,

UNE PAIRE DE NOUVEAUX LIVRES DÉDIÉS AU RHUM

Avis aux amateurs : 2 excellents ouvrages, écrits par des experts, sont disponibles chez votre libraire : « Rhum », de Fabien Humbert ; et « Le rhum c’est pas sorcier » de Mickaël Guidot. Barmag a rencontré leurs auteurs et décrypté les points forts de ces bibles.  

« Rhum », de Fabien Humbert – Hachette

Il s’agit du premier ouvrage d’un amoureux de cette boisson et des spiritueux. En moins de 300 pages, l’auteur passe au peigne fin tout l’univers de cet alcool exotique, l’histoire, la production, les rhums emblématiques, sans omettre la dégustation. Agrémenté par des illustrations et photos de belle facture.

Ses points forts :
– un style précis et concis pour comprendre sans froncer les sourcils tout l’univers du rhum
– à chaque fin de chapitre, un résumé en quelques lignes pour garder en mémoire tous ses points clefs
– une partie historique très détaillée entre l’esclavagisme (explication du Code noir rédigé par le ministre Colbert pour la Martinique et la Guadeloupe), la consommation de rhum des pirates et des marins, le développement du rhum dans le monde entier dès le XVIIIe siècle, son contingentement, la Prohibition, l’importance du rhum cubain, sa chute et sa renaissance…
– des points de dégustation sur différentes thématiques : le goût du rhum des origines, les caractéristiques gustatives des rhums agricoles et de pur jus de canne à sucre, celles des rhums de sucrerie, les millésimes…
– un panoramique des grands groupes internationaux et des acteurs du rhum en France pour maîtriser le marché
– 6 exercices pour déguster comme un pro différentes catégories de rhum, et notamment une cuvée avec un finish

CV de l’auteur : Journaliste depuis plus de 10 ans sur la partie vin et spiritueux et actualités d’Île-de-France du Nouvel Économiste, sur les sujets économiques de Rumporter et sur les formats enquêtes et révélations de la Revue des vins de France.

Fabien Humbert

« Rhum » est ton premier livre ?

Oui, la maison d’édition Hachette m’a contacté, étonnamment via LinkedIn. Celle-ci recherchait un auteur avec un profil journalistique et non un expert pur sucre (de canne évidemment), pour rédiger ce livre de façon synthétique, le contenu se concentrant sur l’histoire, le processus de production et l’aspect économique du rhum. L’éditeur souhaitait se différencier sur un marché des livres de rhum focalisé sur la dégustation et les beaux voyages.
Il ne m’a fallu que 3-4 mois pour boucler ce livre puisque, grâce à tous mes articles écrits sur le rhum depuis plus de 7 ans, je maîtrisais déjà le sujet.

L’amour du rhum a débarqué quand dans ta vie ?

Quand j’ai commencé ma carrière de journaliste, à 30 ans, j’ai écrit sur l’univers du vin, du whisky, du cognac et enfin du rhum il y a 7 ans, d’abord dans les pages Art de vivre du Nouvel Économiste, puis via ma collaboration pour le magazine Rumporter. J’ai tout de suite trouvé son univers passionnant. 

Quel est ton rhum de prédilection ?

Je suis un fan du rhum agricole blanc haut de gamme pour ses arômes herbacés et son côté terroir, que je déguste pur. J’ai dans mon bar le Longueteau Genesis et le HSE Millésime 2016. J’aime aussi le rhum de mélasse : ma dernière bonne trouvaille est le nouveau rhum cubain Eminente.

Te rappelles-tu ton premier rhum et ton premier cocktail dégustés ?

Pour le rhum, il me semble que c’était une cuvée chez La Mauny ou Trois Rivières. Pour le cocktail, c’était un ti-punch revisité par mon père. Il reste mon cocktail préféré car sa recette est simple. Je n’ai aucune compétence de mixologue. Dans un bar, j’ai l’habitude de boire d’abord un rhum en dégustation afin de découvrir son profil aromatique, avant de le commander en version cocktail. 

Quelle partie as-tu eu le plus de plaisir à écrire ?

Bien sûr la partie historique : la genèse du rhum, son histoire à la fois profonde et dramatique liée à l’esclavagisme et à l’ostracisation des colonies par l’Europe. J’ai beaucoup lu, réalisé des interviews et, pour m’aider sur certains points, j’ai eu la chance d’avoir à mes côtés l’historien et collègue sur Rumporter Matthieu Lange.

Quels sont les thèmes que tu n’as pas réussi à évoquer dans ton livre, par ailleurs très complet ?

Le rhum agricole à l’export, un thème que j’ai abordé récemment dans un article pour Rumporter. Certains consommateurs ne sont pas prêts à accueillir ce type de rhum à cause de son profil aromatique prononcé en canne à sucre. Pour une seconde édition, j’aimerais développer la partie mixologie et les accords mets et rhum. 

« Le rhum c’est pas sorcier », de Mickaël Guidot – éditions Marabout

Troisième opus de l’auteur du site ForGeorges, cet ouvrage de la collection à succès de Marabout concentre toutes les informations indispensables pour connaître sur le bout du bouchon le spiritueux à base de canne à sucre.

Ses points forts :
– les illustrations et la plume teintées d’humour de Yannis Varoutsikos et de Mickaël Guidot
– une carte du monde du rhum, qui éclaire sur ses nombreuses origines et sa diversité
– les portraits des figures du rhum d’hier et d’aujourd’hui : Père Labat, Captain Henry Morgan, Joseph Akhavan, Ian Burrell…
– une panoplie de près de 80 recettes de cocktails mixés avec différentes catégories de rhum, de l’industriel à l’overproof
– certains points clefs rarement abordés dans les articles et livres autour du rhum : Comment déchiffrer une étiquette de rhum, le prix du rhum, le rôle du bouchon…
– les anecdotes bien trouvées par l’auteur, comme le recrutement des pirates par le rhum

CV de l’auteur : Une longue expérience en agence de communication sur des budgets de spiritueux. Fondateur du site ForGeorges, créé en 2012, dédié au monde des spiritueux et des cocktails.

Mickaël Guidot

Tu es l’auteur des 3 ouvrages « Le whisky c’est pas sorcier », « Les cocktails c’est pas sorcier », et aujourd’hui « Le rhum c’est pas sorcier ». Comment as-tu démarré cette collaboration ?

Une semaine avant les attentats de 2015, j’ai reçu un mail de la maison d’édition Marabout via le site de ForGeorges pour écrire « Le whisky c’est pas sorcier ». Je croyais à une blague tellement ça me semblait improbable. Ensuite, le tragique événement m’a fait foncer, en me disant que la vie est courte. Aujourd’hui, me voilà auteur de 3 livres dans cette collection. Je suis plus à l’aise pour écrire sur les alcools avec lesquels je suis en adéquation comme le whisky et le rhum, que sur par exemple la bière.

Le concept de cette collection raconte un alcool, autour de visuels souvent humoristiques. Comment travailles-tu avec l’illustrateur Yannis Varoutsikos ?

Les sujets sont toujours présentés sur une double page. Dans un premier temps, je réalise un plan sur 2-3 doubles, j’organise mes recherches et interviews et je fais une réunion avec l’illustrateur pour organiser la mise en page et lui détailler ce que j’ai en tête. Et tout son talent permet que cela prenne forme.

Tu abordes les mêmes thèmes que sur le whisky ?

Comparativement à l’histoire du whisky, j’ai voulu montrer que celle du rhum n’a pas toujours été rose et souhaité insister sur l’aspect historique avec toute la partie esclavagisme, mais sans tomber dans le dramatique.

Quelle est la cible du livre ?

Quand j’ai planché sur mon bouquin, j’ai pensé aux personnes comme ma mère qui ne connaissent rien au rhum. J’ai donc cherché à être le plus accessible possible car cette collection reste une collection de vulgarisation. Mais je cible également les amateurs de rhum comme la communauté des barmen en leur livrant des compléments d’informations tels le processus de production détaillé du rhum.

Y a-t-il des thèmes que tu n’as pu aborder ?

J’aurais aimé pousser 2 sujets : les accords mets et rhums, où il y a beaucoup d’autres choses à dire ; et le rhum des Antilles, car il y a tellement de données passionnantes !

Quels sont ton premier rhum et ton premier cocktail dégustés ?

Mon premier rhum était un rhum blanc des Antilles mais je ne me souviens plus de la bouteille. Une expérience compliquée car mon palais était vierge et je n’avais personne pour me guider. Mon premier cocktail à base de rhum était un daïquiri surdosé en citron, bu dans un bar à Dijon. Pourtant, celui-ci reste ma boisson de prédilection. 

Quel a été ton dernier coup de cœur rhum ?

Il y en a beaucoup mais récemment, je me suis pris une vraie claque. À la base, je ne suis pas fan des très vieux rhums mais j’ai redécouvert cela avec le millésime 1995 de la série limitée Appleton Hearts Collection. Tout le profil aromatique complexe d’un rhum vieilli aussi longtemps !  

Quel est le meilleur cocktail à base de rhum que tu aies dégusté ?

C’est un sour revisité au Tayēr, le nouveau bar à cocktails d’Alex Kratena à Londres.

Quels sont les tendances cocktails rhum d’aujourd’hui ?

Les barmen redécouvrent les grands classiques et les réalisent avec un bel équilibre. En outre ils en proposent de belles réinterprétations.
Autre tendance : la revalorisation du rhum agricole en France, qui procure une vraie valeur ajoutée au cocktail en valorisant les spécificités olfactives de la canne à sucre.

Écrit par Laurence Marot

Leave a Reply

Quitter la version mobile