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BARS À JEUX, LA DÉFERLANTE

Après des années de distanciation sociale, l’air du temps est à la proximité, à l’échange et aussi à la détente. Une volonté à laquelle les établissements qui se créent aujourd’hui tendent à répondre, comme le démontre le déploiement des bars à jeux de société, de gaming parfois avec de terrains de pétanque ou des cibles pour lancer des haches. Tendance.

Post-crise sanitaire, le monde change et celui du bar en est l’illustration. Portée par la réunion d’individus, la vie dans ces établissements s’apparente du reste à un observatoire de choix pour scruter les mouvements sociétaux et les changements qui s’y opèrent. Aussi, après des années d’entre-soi, de vies figées sur Instagram et Facebook, l’après-confinement, situation jusqu’alors inédite, a totalement rebattu les cartes. Et si l’individualisme et sa représentation en reflet sur les réseaux sociaux ne sont pas morts, il n’en demeure pas moins que plus que jamais les gens aspirent à se retrouver voire à se rencontrer. Aussi, les établissements surfent sur la vague en imaginant des lieux où la communication plus que salutaire est au cœur même de leur dispositif, voire leur marque de fabrique. Les bars à jeux l’illustrent parfaitement. Déjà présents sur le territoire avant la crise, ils affluent désormais aux 4 coins de la France.

Aussi, parmi les plus récents, le Sablier perché (Paris 17e), le Yakapiocher (Lyon 1er) ou encore les Casse-Pions (Angers) s’appuient sur l’engouement pour les jeux de société quand d’autres, à l’instar du Player One (Paris 2e), du Geekosphère (Rouen) ou encore du Reload Gaming bar (Cambrai) font la part belle aux jeux d’arcade ou à la réalité virtuelle. Reste que le phénomène prend une dimension insolite avec du lancer de haches comme au Dooz Escape (Strasbourg) ou au Breaking club (Brest). Sans omettre l’avènement des bars à pétanque, voire au molky, qui n’ont cessé de déferler sur tout l’Hexagone avant l’été, dont le PMP Bar (Angers), le Spot (Saint-Lô), ou encore le Bad’s Club (Lyon 7e).

En somme, de quoi satisfaire tous les profils et relancer la mécanique du bar autour d’une activité commune, là où avant la crise les lieux promouvaient davantage une ambiance insufflée par des décorations personnalisées ou des consommations plus qualitatives autour de cocktails créatifs et de bières artisanales.

Le 3Bis : 500 m² pour s’adonner aux plaisirs ludiques

À Bercy Village (Paris 12e), le 3Bis, ouvert le 11 octobre dernier, résume parfaitement la tendance. Créé par Bruno Faure (déjà concepteur à Bordeaux de 2 escape games) et par Vincent Grandgenevre, l’établissement de 500 m² joue sur tous les tableaux.

« Si le divertissement avait déjà le vent en poupe, la crise sanitaire et le confinement ont renforcé le plaisir de jouer et de se retrouver autour d’une activité commune, explicite Bruno. D’ailleurs, à Bercy Village, le bailleur Altarea ne signe plus que des nouvelles enseignes autour du divertissement et du jeu. »

Aussi, si dans un premier temps Thomas, amateur de jeux de société, de karaoké, de gaming mais aussi de quiz hésitait entre ces différentes thématiques, il a finalement opté pour un établissement qui les réunirait toutes.

« Pour offrir aux joueurs un environnement ludique qui optimise chaque expérience de jeu, nous avons travaillé d’arrache-pied au découpage de l’espace et à la scénarisation de chacun d’entre eux. »

Disposant d’un large espace qui compte plus de 250 jeux de société, le 3Bis est donc également agrémenté de 6 salles privatives de 14 à 36 m², fortement marquées d’un point de vue identitaire.

« Dans Sitcom nous nous sommes inspirés du décor de l’appartement de la série “Friends”, détaille Thomas. Pour Big Brother, nous avons imaginé un espace plus oppressant avec un vieux bunker, des affiches de propagande, des caméras. La Cuba se veut plus coloniale ! »

Toutefois, si tous les salons sont différents, le système de fonctionnement reste le même d’un espace à l’autre. Les joueurs activent un gros levier pour choisir leur mode de jeux (karaoké, quiz, projection, clubbing…) et via une intelligence artificielle, la salle s’adapte en conséquence par le biais d’effets de lumière, de laser, de projection… En outre, les gamers ne sont pas en reste avec des bornes intégrées dans un faux distributeur de billets, une bibliothèque, le fameux bunker. Quand du côté du bar, le 3Bis affiche une carte de cocktails spécifiquement créée pour le lieu ainsi que des bières artisanales, uniquement consommables si l’on joue.

Eh bien jouons maintenant !

« Les bars à jeux sont apparus en Corée il y a une trentaine d’années et en France il y a plus de 20 ans avec l’Oya Café (Paris), le Moi j’m’en fous je triche (Lyon) et le Baraka (Montpellier), explique Xavier Berret propriétaire de l’Heure du jeu, 2 établissements de ce type établis à Rennes. Le phénomène s’est amplifié à la fin des années 2010, avec en 2019 un boom retentissant où, en France, plus d’un lieu de ce genre ouvrait chaque semaine », ajoute celui qui de 2019 à 2021 fut président du Réseau français des cafés ludiques.

Aussi, si la crise et les confinements ont bien entendu ralenti leur déploiement, le phénomène notamment dû à l’envolée du business du jeu de société, qui a enregistré une hausse de 22% de 2019 à 2021, lui donne un nouvel élan.

« Si au sein du Réseau national des cafés ludiques nous ne répertorions que les bars dédiés aux jeux de société – aux alentours de 200 –, les bars plus amplement dédiés au divertissement (gamings, réalité virtuelle, escape games, lancer de haches…) ouvrent la voie à une offre qui ne cesse de s’intensifier, précise-t-il. Dans les faits, il s’agit également de trouver de nouveaux prétextes de sortie, comme si lever le coude et boire un verre ne suffisait plus. »

Il faut dire que les habitudes ont changé, et même que certaines n’ont jamais été prises. La génération Z et notamment ceux qui avaient 20 ans durant le confinement ont peu voire pas connu les soirées entre amis dans les bars, les fêtes d’intégration à l’université, les nuits dans les discothèques… Les jeux de société en famille, les soirées gaming à distance ont pris le pas.

Et cette génération n’est pas la seule.

« S’il y a une quinzaine d’années les jeux de société, lorsque l’on avait 30 ans, pouvaient être ringards, la démarche est aujourd’hui plutôt tendance », conclut Xavier Berret.

Alors bars à pétanque, gamings, ou jeux de plateau ? À vous de choisir. À vous de jouer !

Carnet d’adresses :

Le Yakapiocher
8, rue Rivet
69001 Lyon

Le Player One
224, rue Saint-Denis
75002 Paris

Dooz Escape
19, 12, rue des Magasins
67000 Strasbourg

Le 3Bis
41, rue des Pirogues-de-Bercy
75012 Paris

L’Heure du jeu
11, boulevard Magenta
35000 Rennes

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Écrit par Gérald Dudouet

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