Laurence Marot
Localisé dans les Caraïbes, ce pays collé à Haïti a été l’un des premiers producteurs de canne à sucre. Réputée pour ses rhums légers et doux, l’île réunit plusieurs marques, dont 2 leaders cherchant à s’imposer à l’export par leurs innovations.
« Ce n’est pas un rhum honoré par les geeks mais les ventes de certaines cuvées premiums avant-gardistes à la cave et sur le site prouvent que les choses changent », constate Alexandre Beudet, d’Excellence Rhum.
Tour d’horizon de Brugal : la pionnière en matière de vieillissement
Distribuée depuis avril 2023 par Edrington France, la distillerie Brugal n’est pas passée inaperçue en cette fin d’année avec la venue à Paris de Jassil Villanueva – la première maestra ronera, 5e génération de la maison familiale. Cette experte de la distillation et du vieillissement a présenté la dernière trouvaille de la distillerie : le premier opus de la Colección Visionaria, un rhum vieux aux subtils arômes de cacao.
La jeune femme a planché sur un type d’élevage unique dans le monde du rhum : elle a choisi, avec soin, des fûts de chêne européen en vue d’y torréfier des fèves de cacao de République dominicaine et de développer un max d’arômes. Ces fûts sont ensuite vidés et remplis de rhum vieux, qui s’affinera quelques mois supplémentaires sous un climat tropical.
Le résultat : une bombe de gourmandise sans être sucrée, qui n’a pas laissé indifférents les Rums Lovers peu portés sur le profil aromatique parfois trop doux des rhums hispaniques. Premier producteur en République dominicaine, Brugal est fidèle à son image depuis sa création en 1888 : une entreprise avant-gardiste fondée par le visionnaire don Andres Brugal, d’origine espagnole. Cet entrepreneur fut l’un des premiers producteurs à bâtir ses chais et à faire reposer son rhum plusieurs années dans des fûts.
Basée à San Pedro de Macoris au sud-est de l’île pour la distillation et à Puerto Plata au nord-ouest pour le vieillissement et l’embouteillage, Brugal s’est taillé une belle réputation pour ses rhums de mélasse de République dominicaine et sa double maturation. Depuis des décennies, la maison familiale a abandonné la culture de la canne à sucre pour se concentrer sur l’étape de vieillissement statique et se fournit auprès de producteurs autour de la distillerie.
Le rhum Brugal fait partie du paysage culturel de ce pays des Caraïbes, puisque 80% des volumes sont consommés sur le marché domestique.
« Depuis 5 ans, on déguste le rhum de plus en plus sec, on the rocks ou avec des cocktails classiques », souligne la maestra ronera.
Aujourd’hui, l’entreprise concentre son développement à l’export avec la cuvée 1888.
« Elle exprime l’art de la double maturation : 1888 est élaboré à partir d’un distillat de mélasses dominicaines, élevées 6 à 8 ans en ex-fûts de bourbon puis 4 à 6 ans en ex-fûts de sherry de premier remplissage. Toute la maturation se fait sous climat tropical, pendant plusieurs années. 85% de son profil aromatique est apporté par le bois, c’est pourquoi la qualité des fûts et l’expertise des maestros roneros sont primordiales », explique Hugo Gargaud, responsable de marque chez Edrington France, qui prépare le lancement dans l’Hexagone d’une expression permanente : Maestro Reserva, caractérisée par un affinage dans des fûts de rhum flambés.
Le résultat : un rhum de caractère, sublimé par des notes boisées, à découvrir en avril pour la somme de 185 €.
« Notre ambition : devenir le leader des rhums ultrapremium », confirme Hugo Gargaud. Une maison qui hisse assurément l’origine vers le haut.
