Barmen, producteurs, distributeurs, propriétaires… Depuis mi-mars, ils attendent les mesures pour une prochaine réouverture des CHR. Rencontre à Paris, New York, Montréal et Bruges. Quatrième témoignage : celui de Nicolas Julhès, à la tête de La Distillerie de Paris et des caves et épiceries Julhès.
Quelle a été ta réaction le soir de l’annonce de la fermeture des bars et restaurants en France ?
L’annonce fut brutale. Nous nous sommes tout de suite organisés pour ouvrir et travailler.
Comment t’organises-tu aujourd’hui, entre tes boutiques et la distillerie ?
La Distillerie de Paris est restée ouverte et poursuit la production de spiritueux. Mais la partie commercialisation est perturbée, surtout à l’export où nous dépendons des bars d’hôtel et des restaurants. Bien sûr, les voyages, dégustations et masterclasses ont tous été annulés.
Cette crise permet de donner plus de sens à notre métier et notre rôle dans le tissu social et économique.
Pour les boutiques, l’activité ne s’est pas arrêtée. Nous nous organisons différemment, mais nous avons la chance de pouvoir toujours travailler. Cette crise permet de donner plus de sens à notre métier et notre rôle dans le tissu social et économique. Les messages de remerciements, venus des clients comme des fournisseurs, sont stimulants.
Quelles mesures as-tu prises pour tes employés ?
Dans notre activité, les règles et gestes barrières ne sont pas très difficiles à intégrer. Lorsqu’on travaille dans le secteur alimentaire, ils apparaissent même totalement logiques. Tousser dans sa manche, se laver sans cesse les mains et avoir la conscience de ce qui est propre ou souillé, ce sont des réflexes inhérents à nos métiers.
Est-ce compliqué économiquement ?
La perte de l’activité B to B et de la restauration du midi est un peu compliquée mais nous mesurons la chance de conserver une activité. C’est une crise unique et globale et il n’y a d’autre choix que de faire face.
Comment perçois-tu le déconfinement ?
Il faut préparer les finances à la dégradation de la trésorerie, mais il faut surtout se tenir prêt pour accueillir et stimuler le rebond.
Qu’est-ce qui va changer dans ta façon de travailler et de penser après cette crise sanitaire ?
Ce scénario hollywoodien nous paraissait improbable et pourtant, il est bien arrivé dans notre vie. Nous devrons forcément penser une plus grande résilience.