Les passionnés connaissent les iconiques maisons Nikka et Suntory. Cependant, ces dernières années, une autre génération de distilleries artisanales est venue animer le marché nippon, mettant en avant un savoir-faire fécond. Tour d’horizon de 3 nouveaux challengers.
Chichibu : le pionnier de la nouvelle vague artisanale
Chichibu, nouvelle locomotive du whisky japonais artisanal, incarne l’histoire d’Ichirō Akuto. Héritier de la passion de son grand-père fondateur de la distillerie Hanyu, il a repris le flambeau en créant sa propre distillerie en 2008 dans la préfecture de Saitama, à 2 heures de Tokyo. En rachetant les anciens fûts de whisky de son grand-père, il lance la collection The Playing Card Series, aujourd’hui prisée des collectionneurs, avec des bouteilles pouvant atteindre les 100 000 €.
Fort de ce succès, Ichirō Akuto investit ensuite dans une salle de maltage, des washbacks en chêne japonais Mizunara, 2 alambics sur mesure de Forsyth’s, et une tonnellerie pour parfaire son projet. Son ambition ? Associer la tradition écossaise au sens de la perfection japonais et à une touche d’innovation, entouré d’une petite équipe.
En 2011, il dévoile son premier whisky brut de fût, vieilli 3 ans. Chichibu conserve aussi les derniers fûts des distilleries légendaires aujourd’hui fermées telles Karuizawa, Kawasaki, ou encore Hanyu.
Produits en petites quantités, les whiskies de Chichibu sont recherchés pour leur authenticité et ne sont jamais bon marché. Le blend phare est Ichiro’s Malt & Grain World Blended Whisky. Il constitue une belle introduction à cette maison artisanale, tandis que les collectionneurs apprécieront les éditions limitées comme la Chichibu Paris Edition – hommage aux monuments emblématiques de Paris et de Tokyo. L’édition 2024 résulte d’un assemblage de 12 bourbons barrel, de 2 quarter casks, et de fûts de vin rouge vieilli entre 6 et 7 ans.
Kanosuke : une distillerie inspirée par le savoir-faire du shochu
Récemment débarquée sur le marché français, la distillerie Kanosuke, située à Kagoshima face à la mer, a été fondée en 2017 par Yoshitsugu Komasa, héritier d’une lignée renommée pour son savoir-faire dans la fabrication du shōchū, spiritueux emblématique du Japon.
En hommage à son grand-père Kanosuke Komasa, qui créa le premier shōchū vieilli en fût de chêne en 1957, Yoshitsugu utilise l’expertise familiale pour développer une gamme distinctive.
La distillerie se caractérise par ses techniques innovantes incluant 3 alambics au lieu de 2 dans les distilleries similaires dont un à col-de-cygne, et une distillation sous vide, semblable à celle du shōchū. Kanosuke intègre également d’anciens fûts de shōchū de la famille, « Mellowed Kozuru », avec des fûts de bourbon et de sherry pour ses vieillissements.
3 expressions font leur arrivée en France : Kanosuke Single Malt 2022, vieilli en fûts de sherry et de chêne blanc américain re-bousinés ayant servi pour le shochu ; Kanosuke Hioki Pot Still, réalisé à partir d’orge malté et non malté, le moût distillé sous vide, suivant la méthode du shochu ; enfin Kanosuke Double Distillery, une collaboration avec son frère mêlant whisky de grain et single malt, excellent en old fashioned.
Kanosuke a déjà établi sa présence à New York, Los Angeles et Londres, des villes où le cocktail est à l’honneur.
Mars : une maison japonaise influencée par le terroir
La distillerie japonaise Mars, fondée par le groupe Hombo Shuzo, producteur de shochu depuis 1902, s’illustre dans l’art du whisky artisanal ancré dans le terroir japonais. Initiée au single malt dans les années 1940, elle lance sa première distillerie en 1960. En 1985, Mars installe son site emblématique à Shinshu, dans les montagnes de Nagano à 800 mètres d’altitude, site aujourd’hui connu sous le nom de Komagatake.
Après une pause de 1992 à 2011, Mars ouvre en 2016 un second site à Tsunuki, au sud de Kyūshū, à 500 mètres d’altitude, ainsi qu’un chai d’expérimentation à Yakushima, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Ces différents sites permettent à Mars de créer des whiskies aux profils variés, influencés par des climats distincts : les single malts de Komagatake, doux et fruités, tirent leur finesse du climat montagnard tandis que ceux de Tsunuki offrent des notes plus intenses de fruits mûrs, de caramel et parfois de tourbe, grâce au climat chaud et humide de la région qui accélère la maturation.
À découvrir : une collection de 5 single casks de Komagatake et Tsunuki avec des bouteilles illustrées par Takahiro Kurashima, inspirées de l’architecture des distilleries et des chais.