Les 7, 8 et 9 septembre, The Cambridge Public House (Paris, 3ᵉ) accueillera la troisième édition de ses Global Series. Pendant trois jours, neuf bartenders venus d’Europe, d’Asie, d’Australie, d’Amérique du Sud et des États-Unis prendront les commandes du bar pour des soirées détonantes. Entretien avec son organisateur Hyacinthe Lescoët, co-associé du Cambridge Public House.
Au programme : créations originales, collaborations inédites et immersion dans la diversité des cultures et des communautés de la scène mondiale. En parallèle, des tables rondes menées par François Monti, aux côtés d’experts de la scène cocktail française, viendront explorer les piliers du Cambridge : éducation, environnement et communauté.
C’est la troisième année que le Cambridge Public House organise Cambridge Global Series. Comment est née l’idée ?
La première année, c’était censé être tout petit. On voulait simplement inviter deux amis : le Dead Rabbit de New York et Caretaker’s Cottage de Melbourne. Deux bars qui, comme nous, tiennent davantage du “pub à cocktails”. Ils sont aussi passionnés de rugby et, comme la Coupe du monde avait lieu, ils voulaient venir à Paris pour l’occasion. Finalement, on s’est dit : pourquoi ne pas élargir ? Représenter plusieurs nations du rugby, inviter plus de monde, créer un vrai rendez-vous. On a monté ça en moins de deux mois, trouvé des sponsors, calé des invités… et ça a cartonné. L’idée, dès le départ, c’était d’avoir un thème fun mais aussi un moment sérieux d’éducation et de transmission.

Le format a-t-il changé depuis ?
Non, c’est toujours trois jours avec trois invités chaque soir au Cambridge (dimanche, lundi et mardi), et une journée de table ronde sur l’éducation à l’hôtel 1K. C’est le cœur du projet. Bien sûr, il y a les soirées et les guest shifts, mais l’essentiel reste d’apporter du contenu solide à Paris. Il n’y a pas tant d’occasions d’apprendre et d’échanger à ce niveau en France. On attire des personnalités internationales, on met en lumière la scène parisienne, et on valorise aussi les autres bars de la ville.
Tu as aussi choisi d’intégrer cette année des personnalités françaises au programme ?
Oui. La première année, on avait Copper Bay Marseille avec Julien Lopez, l’année suivante Symbiose Bordeaux avec Simon Cholet. Et cette année, on a voulu aller plus loin : donner la parole à trois figures de la scène française sur la partie éducation, pas seulement en guest shift.
- Christophe Davoine, ambassadeur de la marque Suntory et vice-président de l’Association des Barmen de France, qui accomplit un énorme travail sur la formation et l’ABF.
- Emmanuele Balestra, Directeur des Bars de l’hôtel Majestic à Cannes, avec ses abeilles, son jardin sur les toits et son approche autour du parfum, unique en France.
- Jane de Sister Midnight, qui défend un modèle inclusif et une hospitalité tournée vers la communauté LGBTQ+.
Des personnalités parfois discrètes, mais avec un vrai message.

Comment se fait la sélection des invités internationaux ?
On commence en janvier, et tout doit être validé pour fin février. On ne cherche pas forcément les “50 Best” ou les bars les plus connus. Ce qui compte, c’est ce qu’ils ont à dire, leur vision, leur engagement. Les trois piliers de nos tables rondes sont clairs : éducation, environnement et communauté. On choisit donc des bars et des personnes qui incarnent ces valeurs, même si nous les rencontrons parfois pour la première fois lors de l’événement.
Il y a un critère humain aussi, non ?
Évidemment. On passe cinq jours ensemble, donc il faut que ce soit des gens généreux, bienveillants. Ce n’est pas un festival de paillettes, c’est avant tout une rencontre humaine. D’ailleurs, beaucoup restent amis après. Certains invités des premières éditions continuent à collaborer entre eux. C’est la plus belle récompense : voir naître une communauté bienveillante, qui dépasse l’événement.
Comment financez-vous tout ça ?
On fonctionne en multi-marques. Cette année, on a 16 partenaires, chacun avec un rôle précis. Certaines marques sponsorisent un bar invité, d’autres financent une partie logistique. On a même JNPR, qui soutient la partie sans alcool des tables rondes. On a commencé avec une petite dizaine de partenaires, et ça grandit chaque année.
Le public a-t-il évolué au fil des éditions ?
Oui. La première année, on avait une quarantaine de personnes par jour, ce qui était déjà bien. L’an dernier, on est montés à une centaine. On attire surtout un public français, et c’est important : ça reste un événement national, mais avec aussi quelques étrangers venus d’Angleterre, d’Allemagne ou de Suède. L’idée, c’est de donner une opportunité aux bartenders de Paris et de province de voyager à travers les invités, sans prendre l’avion. On aimerait également attirer la nouvelle génération avec les élèves d’écoles hôtelières.
Qui anime les tables rondes ?
François Monti. C’est sa deuxième année avec nous. On voulait quelqu’un de neutre, pas associé à une marque ou à un bar, et qui connaît la scène mondiale sur le bout des doigts. François prépare ses thèmes en amont, échange avec les intervenants, mais garde aussi de la spontanéité. Il a ce recul, cette culture cocktail. C’est un vrai atout.

Quel message veux-tu faire passer avec la Global Series ?
Que Paris n’a rien à envier aux autres grandes scènes cocktail. On a une vraie communauté, une créativité foisonnante et une solidarité forte. L’événement permet de montrer Paris sous son meilleur jour, pas seulement par nos propres cocktails, mais aussi par la diversité des bars, des restaurants, de la ville. Plus largement, on veut que Cambridge Global Series reste fidèle à ses trois piliers : apprendre, partager et renforcer la communauté. C’est ça, l’esprit.
Interview de François Monti
Que pensez-vous de Cambridge Global Series ?
C’est un événement très pertinent. Je pense qu’il y a un gros problème au niveau de l’éducation des barmen. On le voit dans les bar shows : il y a souvent des présentations intéressantes, mais vides. Le format doit être renouvelé, et peut-être que ce que font Hyacinthe Lescoët et son équipe est justement ce type de nouveau format, plus dynamique. Trois sessions, ce n’est pas trop lourd, et ce sont des intervenants choisis pour apporter une expérience différente.

Ce que j’aime, c’est que le line-up ne reprend pas les personnalités habituelles du bar, mais des gens rencontrés à travers des voyages, capables d’apporter une vraie valeur ajoutée. Pour moi, c’est le gros point fort de cet événement. Mon rôle sera de modérer, poser les questions et jouer l’innocent. Je suis très enthousiaste à l’idée de revenir et de participer une nouvelle fois.
Les invités
En guest le 7 septembre
- Josh Harris – Trick Dog, San Francisco (USA) – Monkey Shoulder
Le gars qui a transformé les cartes de cocktails en œuvres d’art conceptuelles. Trick Dog, son bar, a décroché le titre de Meilleur Cocktail Bar US. Entre design, humour et bonnes causes, Josh mixe autant la créativité que la générosité. Bref, c’est l’American Dream version shaker. - Ezra Star – Mostly Harmless, Hong Kong – Cointreau
Ex-boss du mythique Drink à Boston, elle a planté son drapeau à Hong Kong avec Mostly Harmless : un bar où le menu change chaque jour, griffonné à la main. Avec 20 ans d’expérience et un Hall of Fame au compteur, Ezra jongle entre précision et poésie liquide. - Valeria Naranjo – Varmaid, Espagne – Campari
Head Bartender, pédagogue et star de la scène espagnole, Valeria mélange cocktails et storytelling comme personne. Son projet Varmaid apprend la mixologie avec humour, tutos et punchlines (primé au FIBAR 2024).



En guest le 8 septembre
- Evan Stroeve – The Waratah, Sydney (Australie) – Fords Gin
Ex-Bulletin Place et RE Bar, Evan a cofondé The Waratah, temple australien de la durabilité et des savoirs autochtones. Visionnaire, engagé et solaire, il prouve que boire des cocktails peut aussi être un acte militant. - Ruben Neideck – Velvet, Berlin (Allemagne) – Eminente
Sacré Bartender of the Year à deux reprises, Ruben est un botaniste fou : 75 % fermes locales, 25 % cueillette sauvage. Chaque mercredi, une nouvelle carte inspirée par une plante. Boire chez lui, c’est un peu comme partir en rando dans la forêt… mais avec de la glace pilée. - Gabriela León – Lady Bee, Lima (Pérou)
Cheffe formée au Cordon Bleu, passée par Noma et Astrid & Gastón, Gabriela secoue la gastronomie et le bar avec Lady Bee. Nutrition, fermentation, cocktails : tout y passe. Son credo : raconter le Pérou liquide, saison après saison.



En guest le 9 septembre
- Kaitlin Wilkes – The Ada Coleman Project (Écosse) – WhistlePig
Ex-bartender du Savoy, consultante globe-trotteuse et mentor infatigable, Kaitlin ne sert pas que des cocktails : elle secoue l’industrie pour donner plus de place aux femmes derrière le bar. - Tomek Malek – Donkey Shoe (Varsovie, Pologne) – Ilegal
Six fois champion du monde de flair, ce Polonais jongle avec les bouteilles comme d’autres avec les mots croisés. Quand il n’empile pas les trophées, il fait briller le speakeasy le plus mystérieux de Varsovie. - Benji Cavagna – 1930 (Milan, Italie) – Merlet
Bar manager du mythique 1930, classé parmi les World’s 50 Best Bars, il est aussi derrière Backdoor 43, Farmily Group, Tripstillery & BBQ : un véritable cerveau créatif en série. Son objectif : bâtir un écosystème où bars, bartenders et idées brillent ensemble.



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