Depuis plusieurs semaines, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie a travaillé sur un plan d’actions pour accompagner le gouvernement sur la réouverture des établissements. En attendant les décisions annoncées par l’État.
L’UMIH a réalisé en début de crise une enquête nationale auprès de ses adhérents pendant la crise sanitaire. Quels résultats marquants pour le secteur CHR ?
En France, on constate que 92% des CHR sont fermés. Le secteur CHRD représente un chiffre d’affaires annuel de 70 milliards. On peut considérer que la profession perd entre 6 et 8 milliards par mois.
Quelles mesures importantes ont été engagées depuis la fermeture des établissements pour protéger le secteur du CHR ?
En premier lieu, l’instauration d’un chômage partiel pour les salariés ainsi que des fonds de solidarité de 1 500 € pour les entreprises, mises en place par l’État et les régions. Du côté des assurances, on a mis beaucoup de pression pour qu’ils soutiennent les CHR. Aujourd’hui, le Crédit mutuel et sa filiale CIC ainsi que le Crédit agricole ont enfin annoncé une prime pour indemniser les pertes de la profession.
Du côté des bailleurs et pour les TPE de moins de 10 salariés, l’État a demandé un report du loyer de 3 mois. La Sacem a également stoppé ces prélèvements auprès des établissements. Dans sa contribution pour un plan de soutien, L’UMIH propose des mesures dont certaines courent jusqu’au 31 mars 2021. On ne connaît pas encore celles que retiendra le gouvernement puisque le plan de relance sera présenté début mai. Nous avons une autre incertitude : la clientèle sera-t-elle de retour dès la réouverture des établissements.
Êtes-vous optimiste sur une réouverture des CHR le 15 juin ?
Il faut ouvrir au plus vite, pour la saison estivale. Si le gouvernement annonce seulement le 30 avril la date, il faut savoir que les entreprises ont besoin de 15 jours pour se remettre en place, que ce soit pour le protocole d’hygiène, le ravitaillement, etc. Plus on tarde, plus la situation pour la profession sera catastrophique et moins les saisonniers pourront ouvrir. Ils pourront reprendre leur activité seulement en mars 2021, ce qui implique une demande supplémentaire de plan d’aide à l’État sur 12 mois. L’ensemble des filières est impacté par la fermeture des CHR : viticulteurs, alcooliers, sans oublier l’agriculture.
Vous avez rencontré à plusieurs reprises Bruno Le Maire pour proposer des solutions au moment de la réouverture des CHR. Quel plan d’actions préconisez-vous pour la protection des salariés et celle des clients? Limitation du nombre de clients, espace et installation sécuritaire entre les tables ?
L’UMIH a mis en place un plan d’actions et préparé des fiches sur les différentes mesures à prendre. Celles-ci ont été transmises au gouvernement. La balle est maintenant dans son camp. Dans le secteur du bar, nous préconisons un espace d’un mètre entre les postes de travail de 2 barmen, l’utilisation de gel hydroalcoolique, le port du masque, l’utilisation de lingettes pour désinfecter les poignées de porte et les toilettes, et un plan de nettoyage toutes les heures. L’important est de rassurer le client et d’éviter de limiter son nombre dans les établissements. Pas besoin de Plexi entre les tables, nous préférons un espacement de sécurité entre les clients.
Dans les boîtes de nuit, les barmen d’habitude lisent sur les lèvres la commande de leurs clients : il va falloir remédier à cette problématique avec le port du masque obligatoire. Mais les établissements fourmillent d’idées.
Avez-vous regardé les mesures organisées chez nos voisins européens à la réouverture des CHR ? Sont-ils plus en avance que la France ?
Tout le monde se surveille du coin de l’œil. Voyez ce qui est arrivé il y a quelques jours dans un restaurant de Wuhan. Plusieurs clients ont été contaminés par le coronavirus à cause de la climatisation. Désormais et afin de préserver la santé du personnel et des clients, on sait qu’il faut préconiser les extracteurs dans les établissements.