Laurence Marot
En octobre, la brasserie Lancelot organisait la finale de la première édition de sa compétition. 5 candidats, tous officiant en Bretagne, s’affrontaient avec comme arme la nouvelle boisson phare : le Breizh Tonic. Un événement qui révèle une scène cocktail régionale en pleine ascension.
Un événement local avec la crème des bartenders de Bretagne
Comment aujourd’hui lancer un tonic auprès du CHR ? C’est l’une des interrogations que s’est posée cette institution de la bière du Morbihan (également réputée pour son Breizh Cola) pour mettre en lumière sa dernière trouvaille : Breizh Tonic, un tonic composé non pas de quinine pour l’apport d’amertume mais de quassia, une plante tropicale de Guyane (une première !), de houblon chinook et d’écorces d’orange amère. La réponse ? Créer une compétition destinée aux pros du shaker venus des 5 départements historiques de la région.
La finale de Breizh Cocktail Contest s’est déroulée cet automne sur le site d’une ancienne mine où a élu domicile la brasserie Lancelot, un lieu empreint d’histoire. 5 candidats, aux profils distincts, sont venus relever le défi de sublimer les arômes du Breizh Tonic parmi 25 bartenders candidats : Ludovic Bretel, responsable bar à Restaurant Território (35) ; Soizic Champalaune, cheffe barmaid du restaurant-bar Morfales à Guérande (44) ; Maël Forbin, responsable du bar du Shamrock à Lorient (56) ; Nils Pajot, barman au Bistrot de la Poste à Saint-Brieuc (22) ; et Tony Thémiot barman à domicile et barista à La Fabrik à Lesneven (29).
Les challengers sont unanimes sur Breizh Tonic : ils aiment ses fines bulles, sa belle amertume, son goût subtil de houblon, et son bouchon refermable. Pour organiser ce concours et présider le jury, il fallait un expert du cocktail : la brasserie a fait appel au Breton François Badel, lauréat de plusieurs prestigieux concours et aujourd’hui gérant de Bar Spirits, société événementielle dédiée aux spiritueux et Brut de fût, une dynamique cave à Rennes.
Une compétition en 3 temps forts
Pour cette première édition, 3 trois épreuves ont sollicité la matière grise et la dextérité des candidats.
« J’avais à cœur de trouver avec la Brasserie Lancelot des choses innovantes. Outre la création d’un cocktail avec Breizh Tonic, j’ai ajouté des épreuves au cœur du savoir-faire d’un barman autour des sens olfactif et gustatif, sans oublier la rapidité d’exécution », détaille François Badel. Que le spectacle commence !
Première phase de la journée : la présentation du cocktail de sélection, une création travaillée avec Breizh Tonic. Les 5 participants ont réveillé les papilles de chaque membre du jury, comme Maël Forbin et son cocktail dépaysant articulé autour du nombre pi et d’ingrédients choisis selon leurs origines géographiques sur un cercle dessiné sur une mappemonde. À l’opposé, Soizic Champalaune a misé sur des ingrédients locaux avec un long drink doux et fruité à base de miel de Guérande, de chouchen, de pommes de producteurs locaux et de graines de sarrasin torréfiés allongé de Breizh Tonic. Un début très prometteur !
Deuxième étape : 2 tests, olfactifs et gustatifs, avec 3 cocktails complétés de Breizh Tonic, à découvrir au nez dans un verre opaque ; et 3 tonics, donc le Breizh Tonic, à déguster à l’aveugle dans un verre à vin. Une épreuve qui a dérouté mais réveillé les méninges de tous les candidats !
Dernier obstacle, qui exigeait à la fois concentration et rapidité : réaliser 3 gin tonics avec 3 recettes données à l’oral par François Badel, à base de 3 gins bretons (H2B, Oriant 1672 ,et Speakeasy). Un exercice qui a fait monter l’adrénaline de chacun !
Des résultats très serrés pour élire le meilleur bartender de Bretagne
Pas de doute : les 4 membres du jury ont été séduits par le travail des 5 héros du jour.
« Des associations étonnantes qui font voyager les sens entre épices, notes végétales et ingrédients du cru ! Les candidats ont pris des risques et ça s’est avéré payant ! Ils ont pris en compte les saveurs du Breizh Tonic pour trouver des associations qui respectent sa typicité », commente Sarah Lebreton directrice R&D, qui a participé à la recette du tonic breton.
Après une bonne et chaude heure de délibération, le jury a finalement jeté son dévolu sur Tony Thémiot, qui a su se démarquer sur toutes les épreuves : un cocktail expressif valorisant le Breizh Tonic et le terroir breton à base de Fine de Bretagne, de jus de carotte des sables, et du Timut ; des notes excellentes sur les 2 tests qui prouvent la finesse de son palais et de son flair ; et une belle dextérité sur l’exécution des gin tonics.
Une victoire méritée pour un barman qui a fait ses classes à Montréal, qui officie en Bretagne depuis quelques années et éduque au cocktail le grand public à travers les ateliers de sa société Barman et Ribine « J’ai trouvé que pour une première édition, le concours contenait tous les ingrédients avec 3 épreuves bien réparties et complémentaires autour de la mixologie et du bartending. Je serais vraiment heureux de le voir perdurer. On a pu constater ici que la Bretagne possède de beaux passionné(e)s de cocktails. Tout le monde y a mis du cœur et beaucoup de créativité », raconte, ému, le lauréat.
Avis partagé par le président du jury : « Je suis vraiment impressionné mais pas surpris : je savais que des talents se cachaient dans notre belle région. C’est très plaisant de voir émerger une génération sur la scène cocktails bretonne. Comme dans beaucoup d’endroits, suite à la crise du Covid bon nombre ont souhaité se réorienter… Le monde du bar a encore beaucoup de choses à dire et à dévoiler à nos clients. » On attend avec impatience la seconde édition !
