RENCONTRE AVEC LA MASTER BLENDER RACHEL BARRIE, VEDETTE DU WHISKY ÉCOSSAIS

Elle fut la première femme titrée. C’était en 2003. Grâce à son flair et à son expertise, la jeune femme s’est imposée dans cet univers du scotch. Depuis 2017, elle a intégré le groupe Brown-Forman pour s’occuper du développement des 3 distilleries écossaises : GlenDronach, Glenglassaugh, et Benriach. Entretien avec cette artiste du whisky, qui présente sa riche actualité.

Avant votre arrivée, quelles images aviez-vous de ces 3 prestigieuses distilleries de whisky ?

J’ai la chance d’être née à proximité des 3 distilleries. GlenDronach est le whisky préféré de mon père. Je connaissais son caractère robuste et son profil riche en saveurs de sherry. J’ai appris à surfer à Sandend Bay, où se dresse la distillerie Glenglassaugh. J’avais l’image d’un whisky façonné par la terre et la mer. Quant à Benriach, j’avais déjà goûté certaines cuvées élevées dans de délicieux fûts éclectiques et je connaissais sa réputation de single malt du Speyside créatif et expressif.
Être en charge de ces 3 entités, c’est comme avoir 3 enfants uniques : ils sont tous différents, et la philosophie est de faire ressortir le meilleur de chacun.

Que cherchent aujourd’hui les amateurs de whisky ?

Les amateurs de whisky écossais sont plus explorateurs que par le passé. Il y a une quête accrue de connaissances – en particulier parmi les jeunes générations du monde entier – avec une appréciation et une compréhension de la provenance, de la saveur et du style du single malt écossais. Ils apprécient les goûts plus riches, plus intéressants et distinctifs  –, qu’il s’agisse de la richesse de la maturation en fût de sherry ou de l’audace des whiskies fumés – et les saveurs souvent surprenantes et délicieuses découvertes dans des fûts de chêne intrigants et variés.
Autre évolution notable : l’attrait pour la revigoration d’un malt vieilli en bord de mer.

Pour Benriach, vous avez imaginé une gamme dès 2020. Quelle fut votre ligne directrice ?

Créer le portefeuille Benriach a été pour moi un moment de grande fierté. Cela a nécessité de nombreuses années de préparation et un défi important mais passionnant pour vraiment laisser ma marque sur une toute nouvelle gamme de malts délicieux.
Avec ce défi, ma vision était de créer des whiskies aux possibilités gustatives infinies. Je compare mon rôle à celui d’un artiste, puisque je peins avec des saveurs. Cette approche a donné naissance à une gamme de whiskies du Speyside légèrement fumés, notamment Smoke Season, The Smoky Ten et The Smoky Twelve. Chaque whisky est vieilli dans une combinaison différente de fûts de chêne éclectiques.

3 ans plus tard, c’est le lancement de Benriach The Forty, le plus vieux whisky tourbé étonnamment doux et fruité. Racontez-nous la genèse.

Benriach The Forty est un savoureux exemple des différentes méthodes historiques de distillation et de maturation en fûts chez Benriach. Dans les années 1970, la région du Speyside était connue pour la production de whiskies non tourbés. Benriach a fait le choix non conventionnel de distiller de petits lots d’alcool très tourbé, un travail qu’elle poursuit encore de nos jours.
Réalisé à partir de whiskies principalement tourbés des années 1970 et du début des années 1980 de Benriach, The Forty est l’un des malts tourbés les plus anciens jamais sortis d’une distillerie du Speyside. Les fûts fins de bourbon ont progressivement développé d’exquises notes de pomelo miellé et de fruits luxuriants du verger.
Au fil des décennies de maturation, le caractère fumé du spiritueux tourbé Benriach s’est affiné et adouci, se transformant en douceur de fruits mûrs. Ce caractère complexe est entrelacé de notes de chocolat noir, de prune riche et de noix douce provenant de fûts de porto de la vallée du Douro.

Pour Glenglassaugh, vous avez travaillé sur la nouvelle collection de single malts inspirée par l’environnement maritime de la distillerie. Cette gamme représente la renaissance de la distillerie ?

Absolument. Dans les 148 ans d’histoire de Glenglassaugh Single Malt Scotch Whisky, ce lancement constitue une étape historique. La distillerie a été mise en veilleuse entre 1986 et 2008. C’est seulement maintenant que nous lançons un single malt de 12 ans avec un emballage distinctif, accompagné d’un nouveau portfolio, et la toute première campagne créative mondiale de la distillerie.
Au sein de notre récente gamme, nous avons 3 expressions distinctes. ll est impossible de séparer Glenglassaugh le whisky de Glenglassaugh l’endroit. Toute son essence est créée par les influences visibles et invisibles de la terre, de la mer, de l’air et de l’eau de source. « Savoureuses », « tropicales » et « côtières » sont les adjectifs gustatifs distinctifs que nous retrouvons dans chaque expression.
La première, Glenglassaugh 12 ans, incarne notre style côtier harmonieusement équilibré. Il a été élevé en fût de bourbon, de sherry et de vin rouge pour produire de savoureuses vagues notes de fruits mûrs, portées par une brise océanique.

La seconde expression, Glenglassaugh Sandend, est inspirée par la plage en forme de croissant de Sandend Bay. Celle-ci a été vieillie en fût de bourbon, de sherry et de manzanilla pour plonger dans de succulentes vagues de douceur tropicale avec un soupçon de sel marin.
Le dernier single malt côtier s’appelle Portsoy. Notre village portuaire voisin de Portsoy a inspiré les notes maritimes de ce whisky richement tourbé avec un caractère côtier salé de type umami, de mangue carbonisée et de soja après maturation en fût de sherry, de bourbon et de porto. Nous avons la chance de disposer d’une sélection de stocks anciens et rares datant des décennies 1960 et 1970, et nous sommes impatients de partager plus d’informations sur une nouvelle collection.