Laurence Marot
C’est l’un des livres événements de cette rentrée ! Son auteur, Benoit Marinos, à la tête du concept de bar-cave la Cidrerie à Paris, décortique en 200 pages la boisson pétillante à la pomme encore bien méconnue. Rencontre avec ce Breton passionné.
Ton profil te rapproche davantage de l’entrepreneur que de l’auteur. Comment as-tu eu l’idée de ce projet d’écriture ?
L’aventure a commencé pendant le confinement, lors d’une discussion avec mon frère en Bretagne. Il trouvait intéressant de concrétiser mon expertise sur le cidre au moyen d’un livre. Par le biais d’une amie travaillant chez Marabout, j’ai envoyé un synopsis autour des 50 cidres à tester absolument. J’ai obtenu un rendez-vous au bout de 6 mois, non pas pour mon projet mais pour l’écriture de l’ouvrage le Cidre c’est pas sorcier.
Depuis quelque temps, l’éditeur cherchait un auteur. Le projet a démarré en 2022 mais la sortie a été décalée à la rentrée 2023 en raison d’un changement d’équipe. J’ai eu donc le temps de peaufiner le déroulé et mes recherches. L’objectif est d’introduire le monde du cidre des années 2000, à la façon du « Cidre pour les nuls ».
Le concept de la collection « C’est pas sorcier » a l’avantage d’être et ludique et didactique. Comment as-tu travaillé sur la structure du livre pour démocratiser le monde du cidre ?
J’ai pris contact tout de suite avec l’illustrateur de la collection, Yannis Varoutsikos, pour lui expliquer l’histoire du cidre. Il fallait dessiner une structure qui tienne la route. La lecture de bouquins américains et anglais sur cette boisson m’a aidé à trouver l’inspiration.
Le premier chapitre démarre sur la pomme en elle-même, en abordant des sujets comme son anatomie et l’arboriculture. On enchaîne sur la fabrication, avant de développer les terroirs cidricoles avec un gros travail de cartographie.
Mon choix s’est porté sur les AOP en Normandie et en Bretagne : il s’agissait de donner une ligne directrice. J’aimerais d’ailleurs que Bretons et Normands consomment plus de cidre ! J’ai pris le parti de sélectionner les producteurs par leur ancienneté. Pour faire voyager le lecteur, je propose un tour du monde, du Royaume-Uni jusqu’au Japon. J’ai également choisi de présenter les cousins du cidre comme le poiré, le cormé (une boisson pétillante à base de corme et fabriquée comme du cidre) et le pétillant de coing, fruit de plus en plus utilisé par les producteurs de cidre.
En annexe, je mets en lumière des anecdotes liées à l’univers du cidre comme le film l’Œuvre de Dieu, la part du diable, nommé aux oscars et inspiré du roman de John Irving. Une partie de son histoire se passe dans une cidrerie du Massachusetts. Au cours des chapitres, le livre intègre le portrait de grandes figures de la catégorie telles que le cidrier avant-gardiste Éric Bordelet.
On peut dire aujourd’hui que le cidre connaît un vrai regain en France et à l’international ?
On constate un réel intérêt de la part de la jeune génération : le cidre est mieux qu’une alternative au vin et à la bière. Son but n’est pas de les concurrencer mais de se frayer un chemin dans le monde des boissons alcoolisées.
Côté producteur, de nouveaux acteurs arrivent sur le marché depuis plus de 5 ans. La formation « Cidricole » prodigué à l’Établissement public agricole « Le Robillard » à Saint-Pierre-en-Auge (Calvados) a permis à des jeunes de se lancer.
Le cidre est un vrai vecteur de tourisme. La Région de Normandie l’a bien compris en accordant des subventions aux producteurs.
Quels types de cidres fonctionnent bien dans tes 2 établissements ?
Les extra-brut avec amertume du Cornouaille ou du Cotentin, et aussi les cidres secs de l’ouest de l’Angleterre. On les propose également en cocktails, version « Cidrito » ou « Britz » – 2 recettes à découvrir dans ce livre.
« Le Cidre c’est pas sorcier », de Benoit Marinos.
Illustration : Yannis Varoutsikos. Marabout.
Prix : 22,90 €. Sortie le 13 septembre 2023.
